Lu dans le Monde d’hier (donc d’aujourd’hui) Un Café Lénine sur l’Ile de Chalonnes sur Loire. J’ai trouvé touchant cette brave dame nostalgique d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître.
” Bustes, tableaux, livres de propagande: flanqué de ses nombreux émules, le leader bolchevique est chez lui -donc chez elle- partout jusque dans les toilettes….Parait qu’elle ne se sent pas l’héritière des drames et massacres de Lénine mais de sa pensée”.
Merci à Vincent Boucault, c’était sympa. Ah, la dame s’appelle Martine Thouet et le café est impossible à trouver au milieu d’un dédale quelque part dans le Maine et Loire.
Pourquoi vous en parler me direz-vous? Par nostalgie un peu car j’ai grandi place des fêtes et qu’à six ans j’entendais les grands faire la révolution mais surtout parcequ’à la clôture la nuit, on y entonne parfois l’Internationale. Or vous êtes sur un site international précisément…
PS. 7 ANS PLUS TARD….Je n’ai pas retrouvé le titre de l’article qui s’est un peu perdu dans la nuit des temps, mais en cherchant sur le web, je suis tombée sur celui de Ouest France sous la plume de Francis SALAÜN. que je vous livre en prime:
Ce n’est pas un scoop, Lénine est mort en 1924. Pourtant, depuis 2006, il revit à Chalonnes, sur une île perdue de la Loire. Là où personne n’allait jamais, surtout pas les bolcheviks ! Jusqu’au jour où Martine Thouet a fait l’acquisition d’une longère, pour abriter le Lenin café, un bistrot associatif (plus de 600 adhérents). Un lieu unique. Un musée qui renferme des centaines de pièces de collection ayant trait à l’idéologue de la Révolution russe : des écrits, des bustes, des peintures, des objets divers et variés de cette époque. Le tout dans un décor, qui vous ramène presque 100 ans en arrière dans une datcha de l’ancienne Russie. Même les toilettes sont aux couleurs de la Révolution !
« C’est le fruit d’une collection de 35 ans et d’un grand nombre de voyages en URSS et dans les pays du bloc de l’Est »,raconte Martine Thouet. Le fruit, aussi, d’une passion née alors qu’étudiante, membre du Parti communiste, elle lit « tout Marx » et presque, naturellement, dévore « les oeuvres de Lénine ».
« Une certaine réhabilitation »
De l’homme, elle en parle avec passion : « Lénine n’était pas un tueur. C’était un pacifiste. Il a pris le pouvoir en 1917. La première chose qu’il a dite : je vais arrêter la guerre et il l’a fait ». À travers ce musée, Martine Thouet entend contribuer à « une certaine réhabilitation », confortée par toutes les rencontres, les discussions dans l’ancienne URSS. « Jamais, affirme-t-elle, je n’ai entendu dire du mal de Lénine. C’est une icône. J’ai une grande admiration pour celui qui avait pour ambition de voir se réaliser une Révolution internationale ». Avec cette précaution dans le discours : « Mais, admirer ce n’est pas dire que tout ce qu’il a fait, c’était bien ».
Son admiration pour Lénine à ses limites. Elle s’arrête à 1924. « Je ne me reconnais absolument pas dans les crimes que l’on a commis en son nom par la suite. Encore moins dans les actions de Staline ».
Le Lenin café c’est tout le contraire d’un lieu où se réuniraient tous les nostalgiques de la Révolution et des grandes luttes ouvrières. Ici, la camarade Martine ouvre la porte à toute la classe politique. « J’accueille aussi bien des gens de gauche, que des sarkozistes. Pour visiter, prendre un verre, échanger des points de vue ou passer une soirée devant un plat russe comme on en mange encore dans les campagnes là-bas. Tous s’y sentent bien »Curieusement, les plus réticents à fréquenter le Lenin café, ce sont les communistes. « Pourtant, j’ai toujours ma carte du parti », glisse Martine Thouet.
Comme quoi, on n’est jamais prophète… parmi les siens !
Francis SALAÜN.
(1) Le Lenin café est situé au fond de l’île Basse à Chalonnes (Maine et Loire). Renseignements sur le site :
Lenin café ou au 02 41 47 32 33. Ouverture en été du mercredi au dimanche. L’entrée du musée est gratuite.
Francis SALAÜN.
PPS. 10 ans plus tard: L’article du Monde était daté du 24 août 2006 et la référence est bien
Martine Thouet, la bistrotière de Lénine sur Loire, Vncent Boucault, Le Monde, 24/8/2006