Nul n’ignore que le gouvernement Hollande n’avait pas mes suffrages…ne tirez de cela aucune conclusion hâtive que la plupart de mes actes pourraient vous faire regretter, mais je reconnais que tout ce que j’ai toujours pu lire sur le parti socialiste ne m’a jamais donné envie de voter pour l’un de ses candidats….Quatre hommes cependant me paraissaient refléter un esprit plus large, l’un,

Rocard, m’a déçue humainement lors de nos rencontres autant qu’il m’avait séduite intellectuellement par l’ensemble de ses position…seulement voilà, il est à présent un peu trop agé et il est devenu froid et désagréable,…en admettant qu’un jour il ait été différent. En tout cas ce ne sont assurément pas vraiment des qualités en politique. Le second, DSK, s’est lui-même tiré dans le pied (c’est le cas de le dire!), le troisime, c’est Pierre Moscovici dont le discours a toujours su me séduire mais plus par sa rhétorique que par la puissance de sa pensée, je l’avoue…et puis il y a un an environ, coup de tonnerre dans mon univers politique, je découvre, dans l’émission Réplique sur France Culture, un homme, Vincent Peillon, dont j’ignorais tout et dont le discours, la profondeur de pensée et l’attitude franche et directe me semblaient tellement parfaits que je n’ai pas douté un instant que ce type là ne serait jamais au gouvernement. Trop intello pour cela! D’ailleurs, je demande à voir combien de temps il pourra tenir dans la réalité des ficelles et combines politicardes bien éloignées de ses très hautes aspirations du Politique par opposition à la politique. Toujours est-il que ce monsieur qui a toute mon admiration vient d’être nommé ministre de l’éducation du nouveau gouvernement français, ce que vous ne pouvez manquer d’ignorer si vous écoutez les radios ou la télé française. Invité ce matin sur France Inter, il n’a pas dit autre chose que ce qu’il a toujours dit et soutenu…donc je vous invite à l’écouter ou à relire mes transcriptions ici.

Je vous livre en effet mes bonnes feuilles sur ce débat absolument remarquable qui m’a fait découvrir l’homme et qui, dans le contexte actuel, prend une saveur toute particulière:

Peillon, V. (2011). Sommes nous encore un peuple politique? Paris, France Culture. Emission Réplique d’Alain Finkielkraut:

Alain Finkielkraut commence son émission par une remarque issue des ouvrages de ses deux invités sur  la société contemporaine composée d’individus post-politiques:

A en croire Vincent Peillon, membre éminent du PS et philosophe spécialiste de Merleau-Ponti, ce qui se joue en notre temps ce ni la mort de Dieu, ni la mort de l’homme, mais rien moins que la mort du politique. (Alain Finkielkraut)

Je me réjouis si quelqu’un me trouve optimiste, Alain Finkielkraut, c’est une bonne nouvelle. je suis parti de cette constatation très différente. J’étais invité au centenaire des commémoration de la naissance de Merleau-Ponty et j’avais été surpris de voir la génération des jeunes chercheurs coupés de la quesion fondamentale sur nazisme et de l’antisémitisme. Cela m’a marqué car toute la tradition à laquelle j’appartient vient d’une relation étroite entre une forme de rationalité et de la polis (vie en commun). Le philosophe est engagé au milieu des hommes et il interroge. Le lien constitutif de ce que nous appelons Le Politique (qui fait les grandes émergences de l’histoire) avec la société est en train de se briser. Cette indifférence entre la cité et ceux qui réfléchissent. Les débats sont dominés par l’émotion, par l’instantanéité, par l’absence de rapport critique entre les paroles et les actes.
Vous avez parlé de l’émotion, or le mot clef de l’année est l’indignation. “Indignez-vous” dit Stéphane Hessel.
L’indignation est devenue un engagement politique. D’ après Patrice Gueniffey, c’est de l’ordre du totalitarisme, donc du post-politique.
C’est une régression. Certes il faut savoir dire non et on peut être profondément atteint de compassion au sens de Léon Blum. Mais comment fait-on ensuite. La politique est faite d’émotion et d’indignation, On nous indigne en permanence. Il y a des maitres en indignation (Sarkozy, Le Pen). Cela conduit à désigner des boucs émissaires. Critique du stalinisme. La vérité de la révolution française est qu’elle est inachevée. Elle portait en germe la réflexion de ces grands libéraux des Raymond Aron et autres. Sur les libertés, la place de l’intelligence.
Merleau-Ponty n’est pas un grand libéral lui rétorque AF. Il l’a revendiqué, dit Peillon. Même dans Humanisme et Terreur, il introduit l’hypothèse qu’il y a dejà un déraillement de l’histoire. La guerre a eu lieu est pour moi un texte fondamental.
Guenifey indique que 68 est la sortie du Politique.L’idée que les français se sont assagis a pu apparaitre à la suite des effondrements du communisme est en fait un affaissement.
1968, j’en ai une lecture un peu différente. La préoccupation des révolutionnaires démocrates est quel esprit public construire. En bonne partie contre l’esprit catolique que la difficulté française n’a pas construit un pouvoir spirituel rationel qui correpondrait à un état démocratique. Laicité et écoles construites en compensation d’ailleurs. La France revient à de mauvaises humeurs qui sont en elles. La raison a peu de place dans cette vie nationale. Articulation du politique et du religieux.
AF se demande si on ne pourrait pas s’intituler sommes-nous encore un peuple? L’immigration massive a commencé à la fin du XIXème siècle pour atteindre des proportions énormes à l’heure actuelle.Une mauvaise passion, une francophobie, une injure, sale français, indique l’urgence d’un débat sur ce que nous sommes. Quelles sont les traditions fondatrices de notre civilisation. Ce débat, très mal lancé, a tourné court, mais une occasion n’a pas été saisie sous prétexte qu’il s’agissait d’une passion mauvaise. La conversation civique risque d’en être paralysée. Peillon, vous avez dit que ce débat est ignoble. VP indique qu’il a été le premier à l’appeler de ses voeux dans nombre de ses ouvrages. Je préfère patriote à nationaliste. Lorsqu’on présente ce débat qui est absolument indispensable, Un peuple c’est un corps et une ame. Nous, intellectuels et professeurs, avons la charge de dire qui nous sommes et les valeurs que nous partageons. Mésusage du terme d’identité nationale. Ecole et volonté de rationalité, de clarté au coeur du débat. Mais les conditions dans lesquelles il devait se dérouler étaient inacceptables. J’ai parlé d’idiot utile. C’est pour moi la question essentielle et j’ai imposé ce thème dans le PS.
Lorsque vous dites qu’il est commun de dire sale français, je suis en désaccord. Il s’agit d’une minorité. Ces jeunes ont une plus haute idée de la France en général. Je suis parlementaire européen et la nation française, elle compte. Notre fiscalité, notre système sociale, nos aides sociales sont nationales. Donc la nation elle existe et elle ne disparaitra pas. Identité nationale et immigration: la conjonction de coordination restreint l’interrogation et le débat. A part sous Vichy, nous avons d’autres références. Guénissey répond, vous avez raison, le débat est sur identité nationale et islam.
Est-il possible de regarder la réalité en face demande AF. Il évoque l’ouvrage Fractures francaise sur le séparatisme culturel. Quelque chose a changé car nous sommes sans cesse renvoyés à la référence de Vichy. Séparatisme géographique, culturel, banlieues de plus en plus homogènes. On n’ose pas le penser de peur de rentrer dans l’engrenage du racisme et de la xénophobie.
Les problèmes sont réels, reconnait VP, mais comment résoudre cette situation que nous avons contribué à créer. J’ai été professeur à Nanterre, dans les ZEP, nous étions obligés de changer le prénoms des jeunes filles pour leur trouver des stage. Il faut dire cette vérité et ne pas la tolérer. C’est la responsabilité propre du politique. Qu’est-ce que c’est que ces quartiers, qu’est-ce que c’est que cette incapacité des professeurs? Il faut que la nation trouve un nouveau contrat avec l’école. La question de l’autorité est fondamentale et l’école doit la retrouver. Télépoubelle et mauvais exemples au plus haut niveau doivent changer.
Guenissey: abidcation du politique de gouverner remplacée par de vieux modèles (laicité…) qui ne correspondent plus à la société telle qu’elle est. Il faut faire avec, la société a évolué.
L’autorité du prof est mise en cause par la passion égalitaire, dit AF. Je sais que dans le programme socialiste, on voudrait supprimer les notes dans ce qu’êlles ont d’humiliant. Nous devons dévendre une certaine idée de l’école, non pas à coup de budget mais à coup
VP trouve ce débat passionnant mais réfute l’absence de note. la nature de l’évaluation, purement somative, est à remettre en cause, sur les temps scolaires (manque de jours enseingés) et sur le mêtier d’enseignant. On ne supprime pas les notes, ca n’est pas vrai. La laicité me semble être un principe d’organisation démocratique. Pourquoi la passion d’égalité qui bloquerait la société.? Cf Durkheim sur la bienveillance fondatrice de l’autorité.
Guenissey: relation prof-parent d’élève s’est délitée.
VP: on peut s’inspirer du passé, mais ce n’est pas que les élèves qui ont changé, mais c’est aussi les profs. Il faut reconnaître que c’est un sacerdoce. J’ai été surpris parfois du manque de dévouement lors des mes fréquentes visites à de nombreuses écoles, de la part de certains professeurs.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir quelques jours à peine après cette émission, que Vincent Peillon avait signé l’appel de JCall et j’ai assisté à sa remarquable intervention à la Mairie du XIIIme arrondissment de Paris, le dimanche 19 juin dernier. Vous en trouverez la teneur dans ma page JCall (cliquez sur le lien).

Dernière recommendation que je m’applique à moi-même, lire d’urgence l’ouvrage de Peillon

Peillon, V. (2011). Eloge du Politique: Une introduction au XXIème siècle. Paris,  Seuil.
Et voici son blog pour plus d’info sur l’homme et l’oeuvre.

Evidemment, ma passion pour l’aviron justifie cette photo;-)

Mais assez parlé de choses sérieuses…Alors que ma table de nuit croule sous les livres à lire, je suis tombée sur une pépite que je vous invite à découvrir, c’est drôle, bien écrit et c’est un univers loufoque à ne rater comme toutes les bonnes occasions! C’est cosmopolite, délicieux et en voici quelques preuves,,,,

Jonasson, J. (2011). Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Paris, Presses de la Cité (Pocket).

p. 134:

(…)la seule façon d’arrondire les angles serait de donner à Mabelle une part du gâteau. C’était la solution à laquelle avait pensé Allan, mais il ajouta qu’il faudrait éviter, à l’avenir, d’informer une personne par jour du fait qu’ils volaient les valises des gens, les tuaient quand ils essayer de récupérer leur bien, puis les emballaient bien proprement dans un colis en partance pour l’Afrique

p. 185:

Allan Karlsson voyagea seul deux mois de plus, tanguant sur le dos de son hameau, jusqu’à ce qu’il rencontre trois étrangers, eux aussi juchés sur des chamaeaux. Allan les salua dans toutes les langues qu’il connaissait: chinois, espagnol, anglais et suédois. Par chance, l’anglais fonctionna.

p. 259:

(…)Allan interrompit les deux frères en leur disant que s’il y avait une chose qu’il avait apprise en parcourant le monde, c’était que les plus insolubles conflits de la planète avaient démarré de cette façon: “t’es bête!” – non, c’est toi qui es bête -Non c’est toi!” La solution était bien souvent de partager une buteille d’une contenance minimale de soixante-quinze cientilitres, puis de regarder vers l’avenir (…)
– Alors tu penses que soixante-quinze centilitres d’alcool pourraient résoudre le conflit entre Israël et la Palestine? lui demanda Bosse. L’histoire remonte quand même jusqu’à l’époque de la Bible!
– Pour ce conflit là, il faudrait peut-.être augmenter la dose, mais le principe reste le même.

P. 315:

Allan avait appris aussi que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne s’étaient alliés et avait fondé une sorte de confédération allemande. Staline, furieux, avait aussitôt riposté en fondant sa propre Allemagne, ainsi l’Ouest et l’Est avaient chacun la sienne et Allan trouva que c’était une bonne idée.

p. 323:

Ton baraquement se trouve vers la gauche, Einstein! cria le gardien dans son dos. Ce n’est pas possible d’être aussi empoté!
Allan félicita Herbert d’avoir si bien joué son rôle et celui-ci rougit sous le compliment tout en minimisant son mérite.Il dit avec modestie qu’il n’était pas difficile de se faire passer pourun idiot quand on l’était réellement. Allan n’était pas d’accord avec son ami, parce que tous les imbéciles qu’il avait rencontrés dans sa vie essayaient de se faire passer pour le contraire.

p. 362:

-Combien payent-ils d’impôts, ces types-là? Ils viennent ici assassiner notre belle jeunesse suédoise, il faut arrêter l’immigration massive, vous m’entendez?
Aronsson dit qu’il avait parfaitement entendu, qu’il le remerciait du tuyau, même si en l’occurrence le vendeur de hot dogs s’appelait Ljungberg et qu’il était tout ce qui’il y a de plus suédois, donc ni turc, ni arabe. L’impsecteur ne pouvait bien sûr pas affirmer que Ljungberg n’était pas musulman. D’ailleurs cela lui était complêtement égal.
– Mais sons sommes nombreux et nos rangs grossissent tout les jours, tu verras ça aux prochaines élections(…)
Aronsson craignait qu’il n’est raison sur ce dernier point. La pire chose à faire quand on était une personne cultivée et lucide était d’envoyer promener ce genre de types et de leur raccorcher au nez. Il fallait au contraire élever le débat. Aronsson en avait bien conscience quand il envoya le tye promener et qu’il lui raccrocha au nez.

p. 377:

La future madame l’embassadeur lui fournirait en même temps un poste à l’ambassade, non pas qu’Allan soit obligé de travailler, mais les Français avaient la réputation d’être pointilleux quand il s’agissait d’accueillir des étrangers chez eux,

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