Tous les peuples sont frères, des frères orphelins, il faut qu’ils se retrouvent.
Kateb Yacine, par les quelques citations sur le Tamazight et la liberté de pensée réfutant le pan-arabisme et se réclamant de la Kahena, dans sa dénonciation de l’invasion et de l’oppression musulmane, m’a toujours paru être un auteur intéressant car finalement je me retrouve parfaitement dans son Maghreb et pour une partie au moins de ma famille, je partage son histoire….mais je ne l’avais pas lu jusqu’ici, sauf peut-être Nedjma voilà fort longtemps. Il n’empêche, son théâtre, sa poésie et surtout sa parole libre, sans détour font que sans même le lire, simplement en l’écoutant ou en retrouvant ses poèmes, il faisait partie de mon univers…Après tout, sa Kahena et notre Reine Esther que nous célébrons cette semaine sont de la même eau cosmopolite, celle de ces femmes qui sont issues d’un peuple pour entrer dans le coeur d’un autre.
Curieux hasard des agendas, alors que les juifs fêtent Pourim, Indiens hindous et musulmans se déguisent, s’invitent les uns chez les autres pour le Holi (cliquez sur le lien d’IB Time), prouvant notre communauté mondiale dans laquelle certains tentent en vain d’ériger des fractures qui n’auront qu’un temps qui nous semble bien long ici mais bien plus pour les Chrétiens de Syrie et pour les femmes dans de toujours plus nombreux endroits de la planète et dont Kateb Yacine parle très bien, évoquant en particulier le cas de sa propre sœur obligée de supporter la nouvelle femme de son mari sous son toit dont elle seule assurait l’existence par son poste d’enseignante. Belle Journée de la Femme….
A
lors, simplement parce que cela fait du bien aujourd’hui, je vous soumets certains passages qui m’inspirent et m’animent, qui me font plaisir à relire dans l’aveuglement obscurantiste dans lequel se complaisent certains, dans la correction politique des autres qui les empêchent de lutter avec les seules armes dont nous disposons réellement, les mots.
Ecoutez les mots de Kateb Yacine, essayez d’y réfléchir et enfin, comme moi aujourd’hui, lisez ou pour certains, relisez-le, il est magnifique. Et pour finir, comme promis dans mon précédent billet, je vous soumets en clin d’oeil une vidéo de Birmanie, simplement parce que la beauté est internationale…et pour oublier que l’auteur de Nedjma, Le Cercle des représailles (Le cadavre encerclé, Les ancêtres redoublent de férocité, Le vautour, La poudre d’intelligence) Le Polygone étoilé, L’Homme aux sandales de caoutchouc, mais aussi Mohammed prends ta valise et La Palestine trahie, aurait une fatwa sur sa tête pour les mots qu’il prononce, en particulier dans ses poèmes que recense le beau site cosmopolite au si beau nom…Kabyle Universel.
Pour le plaisir et pour mémoire sociolinguistique, quelques extraits à propos de la langue, d’abord et surtout, comme le rappelle la courageuse Ghania Khelifi notamment:
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- Kateb Yacine, Ghania Khelifi, 1990
- « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l’arabe, on parle du français, mais on oublie l’essentiel, ce qu’on appelle le berbère. Terme faux, venimeux même qui vient du mot ‘barbare’. Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? ne pas parler du ‘Tamazirt’, la langue, et d”Amazir’, ce mot qui représente à la fois le lopin de terre, le pays et l’homme libre ?
« On croirait aujourd’hui, en Algérie et dans le monde, que les Algériens parlent l’arabe. Moi-même, je le croyais, jusqu’au jour où je me suis perdu en Kabylie. Pour retrouver mon chemin, je me suis adressé à un paysan sur la route. Je lui ai parlé en arabe. Il m’a répondu en tamazight. Impossible de se comprendre. Ce dialogue de sourds m’a donné à réfléchir. Je me suis demandé si le paysan kabyle aurait dû parler arabe, ou si, au contraire, j’aurais dû parler tamazight, la première langue du pays depuis les temps préhistoriques… »
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Kateb Yacine, Les Ancêtres redoublent de férocité, Bouchène/Awal, Alger, 1990.
Il me semble que sa voix nous manque aujourd’hui. Il y en a sûrement d’autres, que vous allez avoir la gentillesse de porter à mon attention, mais en attendant, je vous laisse avec un peu de beauté en vous recommandant vraiment de prendre le temps de regarder la vidéo que j’ai postée en en-tête )et , Food for thought, de la digérer avec une balade au fil de l’eau (si vous arrivez à l’ouvrir…, car tout passe, panta rei. Si vous ne l’ouvrez pas, revenez lundi et vous aurez plein de photos car je les ai enfin récupérées de mon iPhone qui faisait de la rétention ;-)) HAPPY PURIM, HAPPY HOLI, GIT SHABESS ET NE PRIEZ PAS TROP, CELA SEMBLE FAIRE DU MAL A LA CAPACITE DE REFLEXION PERSONNELLE ! A MEDITER!
- Beautiful Holi video thanks to my friend and colleague Stuart Graham: http://youtu.be/4o8Cslm9uNc
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