Comme il n’y a pas que Pessach dans la vie, avant d’y revenir tout de même je partage avec vous l’article du jour.

Dans un papier qui fera date, Dominique Strauss-Kahn revient sur la crise actuelle en le définissant comme une crise de l’être, de l’avoir et du pouvoir. « Cet important article a été rédigé par Dominique Strauss-Kahn, ancien patron du FMI, pour l’influente revue Politique Internationale qui le publiera dans son prochain numéro (numéro de printemps). Nous remercions particulièrement Patrick Wajsman qui autorise sa diffusion et Dominique Strauss-Kahn qui l’accepte au profit des lecteurs du blog du Club des juristes. »

(Le) caractère hautement symbolique (de la crise) heurte et choque une population mondiale qui avait presque oublié le risque infectieux. En cela, elle porte atteinte au confort douillet dans lequel les pays économiquement développés se sont progressivement lovés. La mort n’était pas seulement devenue lointaine en raison de l’augmentation de l’espérance de vie, elle était aussi devenue intolérable comme en témoignent les réticences à engager des troupes au sol dans la plupart des conflits récents. La « valeur » de la vie humaine a considérablement augmenté dans l’inconscient collectif des pays les plus riches. Or aujourd’hui, nous reprenons conscience de la précarité de l’être. Cette crise de l’être aura certainement des conséquences considérables qu’il est peut-être trop tôt pour aborder ici, mais elle est aussi révélatrice d’une crise de l’avoir et d’une crise du pouvoir dont l’analyse est nécessaire pour guider les décisions à prendre.(…)

ce qu’il nous faut dès maintenant, ce sont :

  • des plans de soutien de la demande de l’ordre de grandeur de la perte de production (plusieurs points de PIB pour 2020 seulement). Ceux-ci doivent reposer, pour les ménages comme pour les entreprises, sur de véritables soutiens à leur liquidité par des mesures fiscales et budgétaires ;
  • une coordination de ces politiques avec les actions menées par les banques centrales en matière monétaire ;
  • un instrument de mobilisation de ressources budgétaires et d’endettement commun en Europe. Sans mutualisation, la réponse budgétaire sera insuffisante ;
  • une action concertée au niveau international incluant l’extension de cette liquidité au-delà des pays développés.(…)

Une crise du pouvoir: C’est peut-être celle qui est la plus inquiétante. Crise de la souveraineté, elle tient à l’autonomie des États dans un monde où les institutions multilatérales peinent à organiser les prises de décisions nécessaires à l’échelle globale. Crise de la représentation, elle touche aussi à l’exercice du pouvoir, à la garantie des libertés publiques et à la légitimité des autorités, en particulier dans les démocraties. Mais ce n’est pas la crise sanitaire et l’épidémie du Covid-19 qui créent ces crises. Elles ne font que révéler des faiblesses déjà largement existantes.(…)

Nous devons veiller à ne pas affaiblir durablement l’État de droit au nom de l’urgence à combattre le virus. A l’automne dernier (mais cela semble si loin déjà), François Sureau rappelait que « l’État de droit, dans ses principes et dans ses organes, a été conçu pour que ni les désirs du gouvernement ni les craintes du peuple n’emportent sur leur passage les fondements de l’ordre public, et d’abord la liberté » ( François Sureau « Sans la liberté », Tract, Gallimard, 2019).(…)

quel nouvel équilibre géopolitique ? (…) C’est donc bien une fragmentation de la mondialisation qu’il est raisonnable d’attendre et ce peut être la chance de l’Europe si elle sait se ressaisir.

La crise de l’être conduira-t-elle à un changement de la relation entre les hommes ?(…)Première évolution probable de nos préférences collectives : le rapport à la temporalité.(…) le risque infectieux nous rappelle avec la force de l’évidence l’interdépendance entre les individus. (…)Pour que le régime de transparence individuelle que l’on pressent ne se transforme pas en société de défiance, les pouvoirs publics se doivent de jouer un rôle actif afin de garantir non seulement l’anonymat des utilisateurs mais également l’effacement des jeux de données ( Ce que l’Europe a su mettre en place avec l’adoption précurseur du RGPD). Ce positionnement public ferme doit constituer le socle d’un nouveau « système providentiel » sur lequel asseoir une confiance et un pacte citoyen renouvelé.

DSK pour le club des Juristes et Politique Internationale

Il est regrettable que cet homme ait des pulsions qui lui ont coûté si cher, sa pensée est d’une incroyable acuité et profondeur. Il faut un peu s’accrocher pour lire ses différents points dont je n’ai repris que certains passages mais chaque mot, chaque virgule compte et je ne saurais trop vous conseiller sa lecture !

Je lis par ailleurs dans le monde daté du 10 avril 2020 que « Les autorités religieuses ne sont pas unanimes sur la question de savoir s’il est licite d’utiliser le téléphone ou une application de visioconférence le soir de Pessah pour réunir virtuellement la famille. Haïm Korsia, le grand rabbin de France, a jugé que non.» Il juge ce qu’il veut celui-là mais je reste fidèle à l’esprit du judaïsme qui privilégie l’homme plutôt que la règle. Je trouve donc la réaction suivante beaucoup plus saine « Muriel n’est pas loin de penser que ce Pessah à nul autre pareil aura des vertus en termes de transmission. « Cette fois, explique-t-elle,nous n’avons pas pu nous reposer sur les anciens. Nous avons dû prendre en main les préparatifs. Chacun a participé, pour faire un plat ou pour s’occuper des connexions. On s’adapte, on réinvente. On peut même le comprendre comme un passage de relais. Cette fois, les jeunes sont aux commandes de l’organisation. Saurons-nous faire pour la lecture de la Haggada ? Nous ne pourrons plus être spectateurs de nos aînés » Article intitulé Pour célébrer la Pâque Juive, on s’adapte, on Réinvente » par Cécile Chambraud

D’ailleurs la meilleure preuve que nous réinventons tout et que, alors que dans ma famille genevoise, un soir suffit d’ordinaire. Mais c’était sans compter sur l’enthousiasme et l’esprit d’initiative de la jeune génération qui nous a obligés à remettre le couvert! Zoom zoom zoom!!!! Elles trouvaient que ça manquait de chanson… dont acte!

Mon frère. Hilarant dans cette chanson en judeo-arabe

À part aller me chercher des masques à la pharmacie, j’ai passé une journée à me reposer, causer balais et ménage, à dormir, bref à récupérer de trois semaines intenses. Merveilleux : j’ai fini par recevoir mon magnifique nouveau portable!

Je vais donc faire bref ce soir mais comme d’habitude ramène quelques perles. Merci à mes rabatteurs habituels… dont je parlerai dans les jours qui viennent!

J’aimerais aussi démarrer à partir de demain une galerie de portraits des gens qui comptent pour moi est d’autant plus dans cette crise….

Je vous quitte sur quelques vidéos et photos du jour…

Sortie d’Egyptocovid 😉
Tous ceux qui, comme moi, ont découvert la série Unorthodox pendant le confinement ont eu exactement le même réflexe !

Keep smiling, on en sortira de ce cocon là !!!

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