
Ce dimanche de Toussaint et Halloween MMXX ne pouvait ressembler à celui de l’an dernier démasqué ….Ignorant le reconfinement annoncé ce matin là par le Grand Conseil, je ne pouvais savoir que ce serait ma dernière sortie culturelle… genevoise…jusqu’aux jours meilleurs !
Nicolas Ducimetiere nous a livré un panorama fort instructif des Danses de Mort du XV e siècle à nos jours. Vous en retrouverez l’intégralité sur YouTube.

Il l’a placé sous le signe de l’Incipit du livre de l’ecclésiaste, Qohelet pour les Anciens … הֲבֵל הֲבָלִים הַכֹּל הָבֶל…
Débutant son récit par les
Livres des morts égyptiens remis au goût du XIXème siècle, il cite, entre autres Le Roman de la Momie Théophile Gautier dont vous trouverez ici une version audio
Argyropoulos (c’était le nom du Grec), en explorant les recoins de la vallée moins souvent sondés que les autres, parce que jusque-là les recherches n’avaient été suivies d’aucune trouvaille, s’était dit qu’à une certaine place, derrière des rochers dont l’arrangement semblait dû au hasard, existait certainement l’entrée d’une syringe masquée avec un soin tout particulier, et que sa grande expérience en ce genre de perquisition lui avait fait reconnaître à mille indices imperceptibles pour des yeux moins clairvoyants que les siens, clairs et perçants comme ceux des gypaètes perchés sur l’entablement des temples. Depuis deux ans qu’il avait fait cette découverte, il s’était astreint à ne jamais porter ses pas ni ses regards de ce côté-là, de peur de donner l’éveil aux violateurs de tombeaux.
Théophile Gautier,
Cette pratique du livre des morts, en réalité guide de passage vers le jour’ s’est développé sous Amenophis, en véritable guide du monde des morts, les Champs d’Ialou, comme le Papyrus Greenfield, plus long papyrus 37 m de long
Dans la mort il faut préserver un état véritable constitué du Ka, du ba et du shout, les composantes de l’état humain intégral. Le livre permettra de « sortir au jour ».

Née d’un bacille, celui instillé par la Horde d’Or qui balançait ses cadavres sur son ennemi en Crimée, la Peste Noire balaiera l’Europe vers 1349, ce que décrit fort bien Barbara Tuchman dans A distant Mirror.

La danse macabre fait son apparition tardive au bas moyen-âge dans Le Dict des Trois Morts et des Trois Vifs de Nicolas de Margival, du ménestrel Baudoin de Condé. (Cliquez ici pour en savoir plus), Li troi mort et li troi vif. Cette légende rencontra un énorme succès!

Le Comte Amédée V de Savoie par exemple en était friand !
Le Triomphe de la mort est également très populaire comme en témoigne le chef-d’œuvre de Breughel l’ancien au Prado ou dans les Trionfi de Pétrarque
S’ensuit la sarabande cauchemardesque de 1424 au cimetière des innocents. La Toten Dantz est particulièrement populaire dans les pays germaniques
Hans Holbein le jeune fait basculer l’idée : la danse est tragi-comique
Les Livres d’emblèmes de la renaissance en font des vignettes soft.
Cela tombera en désuétude avant d’être réhabilité à partir de 1810 particulièrement en Angleterre
Ce thème réapparaît à chaque crise, notamment à la fin de la première guerre mondiale
Nicolas termine son propos par une sarabande issue de l’imagination fertile des médiévistes, voir la page Covid des Médiévistes
J’ai ensuite visité l’exposition sur les masques et pris quelques clichés…
Je n’ai photographié que les éditions originales publiées du vivant des auteurs (snob jusqu’au bout 🤣).
Post-Scriptum. Par un bien curieux hasard, je lisais, parallèlement à cette conférence, les propos de Barbara Tuchman sur les danses macabres :
625: Statues of St Roch and other saints invoked against plague and various forms of sudden death multiplied in the churches:; the fashion of naked skeletal effigies spread. Now in the 15th century the cult of death flourished at its most morbid. Artists dwelt on physical rot in ghoulish detail, worms wriggled through every corpse, bloated toads sat on dead eyeballs. A mocking, beckoning, gleeful Death led the parade of the Danse Macabre around innumerable frescoed walls. A literature of dying expressed itself in popular treatises on Ars Moriendi (…) with scenes of the deathbed, doctors and notaries in attendance, hovering families, shrouds and coffins, grave-diggers whose spades uproot the bones of earlier dead, finally the naked corpse awaiting God’s judgment while angels and vicious black devils dispute for his soul.
The staging of plays and mysteries went to the extreme of the horrid, as if people needed ever more excess to experience a thrill of disgust. The rape of virgins was enacted with startling realism; in realistic dummies the body of Christ was viciously cut and hacked by the soldiers, or a child was roasted and eaten by its mother. In a 15th century version of the favourite Nero-Agrippina scene, the mother pleads for mercy, but the Emperor, as he orders her belly sliced open, demands to see “the place where women receive the semen from which they conceive their children”.
Associated with the cult of death was the expected end of the world. The pessimism of the 14th century grew in the 15th century to the belief that man was becoming worse, an indication of the approaching end.
Barbara Tuchman, A Distant Mirror: the calamitous 14th century by Barbara W. Tuchman, 2014 Random House, New York.(réédition, first published 1978).
merci de cette visite guidée et éclairée ! je me réjouis de voir cette expo si elle sera encore là quand fin reconfinement… bzzz
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J’y retournerai volontiers….
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