J’ai rencontré Ousmane en prenant l’avion de Genève à Montreal, lorsque je me suis disputée âprement avec une hôtesse de l’air récalcitrante. Lorsque de guerre lasse, j’ai lancé à celle-ci un: « Parle à mon cul ma tête est malade ». J’ai entendu un immense éclat de rire d’un monsieur qui m’a dit : « vous madame, vous êtes une vraie Sénégalaise ».
Je l’ignorais alors mais, je l’ai vite découvert, c’était un immense compliment de la part d’un homme fou de son pays natal.
Notre histoire aurait pu s’arrêter là, mais il se trouve que nous allions à la même conférence des O.N.G. à Montréal, au Palais des congrès en 1999.
Ousmane venait d’être papa d’une petite fille et en était extrêmement fier, j’avais moi-même des enfants encore très jeunes. Nous habitions tous deux Genève et évidemment nous avons été amenés à nous retrouver dans le cadre de diverses organisations non-gouvernementales.
J’ai souvent collaboré à des projets spécifiques auprès d’Ousmane lorsqu’il travaillait à Swissaid puis à AccEd. Il a été longtemps associé à mon organisation Destinations & Ressources Management et nous avons notamment géré ensemble le volet O.N.G. de la Coop 5 !
Nous avons continué à nous voir de façon sporadique jusqu’à mon tour du monde de 2017. Depuis, nous ne nous sommes revus qu’une ou deux fois. Mais Ousmane était un véritable ami, un frère, de même qu’il a toujours pu compter sur moi.
Je me sens terriblement coupable aujourd’hui de ne pas avoir maintenu de contact plus étroit après qu’il ait déménagé en France. Ma vie elle-même a pris un tour un peu plus effréné entre Paris et Genève, et pas plus tard que cette semaine, passant à côté des bureaux d’Ousmane, je me suis dit qu’il serait temps de lui proposer un petit café. Je crains que celui-là ne ne doive attendre nos retrouvailles sous d’autres cieux….
Un autre très cher ami que je ne vois que de loin en loin (et pour cause, il habite en Californie), Renford Reese, m’a contactée cette semaine pour organiser la venue à Genève de ses étudiants travaillant sur la problématique des O.N.G. et de l’ONU. C’est donc tout naturellement que je m’apprêtais à appeler Ousmane, et entre-temps comptais lui donner le site Internet d’AccEd.
Je vous laisse imaginer le choc de découvrir sur le site l’annonce de la mort en janvier dernier de mon très cher et vieil ami. J’en suis totalement bouleversée, il n’avait que 58 ans mais m’avait toujours laissé entendre, sans que j’y prête plus d’attention que cela, que dans sa famille les hommes mouraient très jeunes.

J’ai souvent partagé mes gâteaux de Kippour avec lui lors ce que le ramadan tombait au même moment.
Nous avons toujours ri de nos racines africaines communes et je garde en mémoire notre dernière discussion où il me proposait , une fois de plus, de me rendre avec lui en Afrique.
Alors que je lui faisais remarquer que, notamment au Mali, les occidentaux n’y étaient pas très bien vus (c’était au lendemain d’attentats), il m’avait dit sans sourciller et avec une naïveté désarmante: « oui mais ça c’est pour les Blancs ! »
Mon cher Ousmane, je te présente toute l’expression de ma désolation de ne pas avoir été une amie plus attentive et plus fidèle.
Que la Terre te soit légère. Ta pensée ne m’a jamais quittée et tu es toujours aussi vivant dans mon cœur qu’il y a quelques heures lorsque j’ignorais ton décès.

bel hommage de cet homme dont je crois bien avoir entendu parler… plus d’une fois (si c’est bien lui)
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Oui, c’est bien lui…
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