Il est 21:30… l’heure de coucher sur le blog une nouvelle journée de cocooning… actif!
Je m’aperçois que je n’ai plus le réflexe pourtant inscrit dans ma personnalité d’allumer la radio au réveil…Je pense que c’est le trop-plein d’informations sur lesquelles je n’ai plus un véritable contrôle.
Aujourd’hui est née , ou plutôt cela couvait depuis un certain temps mais s’est développée ce qu’on appellera ´la polémique sur la chloroquine. Le rôle de l’État est également remise en cause mais finalement c’est lui qui s’en est le mieux tiré est le Fondateur de Médecins sans Frontières et Sénateur aujourd’hui Claude Malhuret. Preuve s’il en fallait que l’humanité n’est pas un vain mot que notre « capacité à confiner le malheur » prévaudra si j’en juge par l’oubli quasi unanime de la grippe asiatique que j’évoquais hier. Et que m’a confirmé ma mère ce matin lorsque je lui demandais si elle s’en souvenait : « Non je devrais mais mon père est mort en 56 et En même temps Indépendance de la Tunisie Bac … etc »
Il est donc d’autant plus important pour moi d’écrire c’est lignes que je relirai peut-être avec sidération lorsque nous pourrons à nouveau toucher les boutons des ascenseurs, des feux rouges, des parkings pour prendre des tickets, de faire la bise…
La Une du Monde d’aujourd’hui est un brassard de deuil où une analyse sémantique se révèle effarante de tristesse… et pas seulement la Une.

À la rubrique anxiogène toujours cet article d’Eva Illouz, Bibliobs En regardant le film hypnotique de Lars von Trier « Melancholia », le spectateur comprend peu à peu, dans un mélange de terreur et d’impuissance, que le monde est sur le point de disparaître, condamné à entrer en collision avec la planète « Melancholia ». A la fin du film, ce spectateur, à la fois fasciné et paralysé, voit cette planète finir sa course pour s’écraser sur la Terre. D’abord apparue sous la forme d’un point lointain dans le ciel, elle grossit jusqu’à finalement devenir un disque qui envahit tout l’écran, au moment du choc.
Le coronavirus est un événement planétaire d’une magnitude que nous peinons à saisir, non seulement en raison de son échelle mondiale, non seulement en raison de la rapidité de la contamination, mais aussi parce que les institutions dont nous n’avions jamais questionné le colossal pouvoir ont été mises à genoux en l’espace de quelques semaines. L’univers archaïque des épidémies dévastatrices a brutalement fait irruption dans le monde aseptisé et avancé de la puissance nucléaire, de la chirurgie laser et de la technologie virtuelle. Même en temps de guerre, les cinémas et les bars underground continuaient de fonctionner ; or ici, les villes animées d’Europe que nous aimons sont devenues de sinistres villes fantômes, leurs habitants forcés de se terrer chez eux. Comme l’écrivit Albert Camus dans « la Peste », « tous ces changements, dans un sens, étaient si extraordinaires et s’étaient accomplis si rapidement, qu’il n’était pas facile de les considérer comme normaux et durables. »
On déplore également la mort de deux merveilleux artistes, Manu Dibongo terrassé par le Covid+ et Albert Uderzo par le grand âge et une crise cardiaque. Avec ces deux là c’est tout de même une partie de mon enfance qui s’est définitivement éteinte. Et dans les pages intérieures j’apprends également la mort du procureur du Procès Barbie, Pierre Truche… Un procès que j’avais suivi en tant qu’attaché de presse d’Alain Finkielkraut en 1986…
Ajoutez à cela l’annulation de tous mes opéras à Genève et Glyndbourne cet été…chagrins de petite fille gâtée, j’en conviens !
Parmi nos chers disparus, le discours de Jean d’Ormesson est une bouffée d’espoir et de confiance en la vie qui a fait le tour de tous les groupes sociaux.
À part ça, j’ai travaillé Avec mes jeunes élèves par groupe de trois aujourd’hui et cela a très bien marché, au-delà de toute espérance d’ailleurs ! Comme quoi le fait que mon ordinateur ne met pas permis de me connecter correctement à la téléconférence n’a pas eu que des désavantages. j’ai enseigné de 11 heures à 18:00 avec tout de même une heure pour déjeuner avec Clélia. Et ce soir, d’échanger avec mes amis. L’une d’elle, Hélène, a pris l’avion (réservé de longue date!) la veille de la décision du confinement en Suisse. Après 10 jours enchanteurs en République Dominicaine, elle vit, comme 110 000 suisses de par le monde, un véritable cauchemar pour rentrer chez elle. Ses jolies photos de vacances qui nous ravissaient alors que nous entrions dans le bleu du gel Hydro alcoolique de notre côté on tourné à l’angoisse !

Mais comme il est important de garder notre bon humour voici un petit tour des mêmes blagues tournent de groupe en groupe


Et parmi les chefs-d’œuvre, ce petit bijou intitulé JOURNAL DE CONFINEMENT …
JOUR 1: Mercredi 18 mars. Premier jour à quatre à la maison. Journée ensoleillée, les enfants ont pu profiter du jardin. Pas encore de nouvelles de la maîtresse, j’imagine qu’il faut le temps de s’organiser. Ce midi, apéritif en famille, jeux l’après-midi ; Mathilde avait fait un gâteau au chocolat pour le goûter. Petit air de vacances !
JOUR 2 Jeudi 19 mars. Première tonte de l’année ! J’adore l’odeur de l’herbe coupée. Les arbres sont en bourgeons, les tulipes sortent de terre, les premiers jours de printemps sont toujours agréables !
Foot avec les enfants qui ont fini par se disputer, comme toujours. La vie s’organise tranquillement.
JOUR 3 Vendredi 20 mars. Les premiers devoirs sont tombés pour Mathis : révisions sur les divisions. Surtout rester calme…
Léa fait des dessins pour papa et maman. Trop mignon.
JOUR 5 Dimanche 22 mars. Le jardin est au carré, on dirait Versailles ! Comme quoi il y a toujours du bon à prendre ! Mathilde a les mains dans la farine la moitié du temps : gare aux kilos en trop !
Léa a épuisé la moitié du stock de pages blanches, c’est moche pour la planète.
Côté divisions, on rame…
JOUR 7 Mercredi 25 mars. Si Mathis me demande encore une fois ce qu’est un dividende, je lui fais manger son cahier !
Léa a enfoncé toutes les pointes de feutres et chouine à longueur de journée.
Mathilde s’est lancée dans la confection d’un gâteau roumain à la purée de marrons et aux pruneaux. Est-ce vraiment une bonne idée ? Le temps commence à sembler long.
JOUR 10 Samedi 28 mars. Je crois que mon fils est con, j’ai abandonné la division. On a une semaine de retard sur le travail envoyé par la maîtresse. J’ai vomi le gâteau aux marrons.
JOUR 11 Dimanche 29 mars. La caisse à outil est nickel, j’ai rangé mes clefs plates par ordre de grandeur, les marteaux par ordre croissant de poids. J’ai trié tout ce qui pouvait se trier dans la maison : clous, vis, boutons, punaises (par couleurs), slips.. Je commence à voir flou.
JOUR 14 Mercredi 1er avril. On continue sur le passé simple. La décence m’oblige à me taire. ..
JOUR 15
Je rédige une lettre à l’attention du pape pour faire canoniser la maîtresse de mon fils. J’ai envie d’écouter Céline Dion en passant l’aspirateur dans le garage. Je crois que ça va pas le faire.
JOUR 16 Vendredi 3 avril. « Les enfants prenâmes le goûter sur la terrasse ». Bon c’est fois-ci c’est clair, Mathis n’aura pas non plus le prix Nobel de littérature… J’ai envie d’épouser sa maîtresse…je crois que je commence à délirer…
Léa regarde la télé H 24.
Mathilde a commencé une pièce montée à cinq étages. Je le sens pas trop. J’ai déjà pris cinq kilos…
JOUR 17 Samedi 4 avril. Je crois que j’ai chopé un Gilles de la Tourette avec ce putain de passé simple de merde !
La pièce montée s’est cassé la gueule.
J’ai des hallucinations, les dessins de ma fille me parlent !
JOUR 18 Dimanche 5 avril. Pour la première fois de ma vie, j’ai prié Dieu…
JOUR 19 J’ai bouffé la page du livre de conjugaison. Problème réglé…
JOUR 20 Passé la journée à chercher le chien, on l’a perdu !
JOUR 21 Merde, c’est vrai, on n’a pas de chien ! J’attaque ma cinquième bière de la journée.
Léa ressemble à un lapin qui aurait attrapé la Myxomatose.
JOUR 30 36 mars. Je suis sûr d’avoir vu passer la maîtresse de Mathis dans la pâture derrière chez nous : elle promenait son Bescherelle en laisse.
Je vais reprendre un ricard …
JOUR 31 J’ai les dents qui grattent, je transpire des yeux. Je me rends compte que mon slip est à l’envers. Comme je le porte au-dessus mon pyjama, j’ai l’air encore plus con.
JOUR 32 An 3020 après ma belle-mère. Plus de farine dans les magasins, Mathilde est prostrée sur une chaise dans la cuisine, elle fait la conversation au four.
Mathis essaye de diviser le passé simple. Léa bave devant la télévision. Les stocks de Ricard sont épuisés. Au secours…
JOUR 40 37 avril 2028. Oh putain on a remonté le temps ! Il se passe des trucs bizarres… Il y a une dame dans ma cuisine qui pleure en regardant le four, je ne sais pas du tout qui c’est. Et cette petite assise dans le coin qui regarde en ricanant, elle me file je jetons. De toute façon je ne sais plus comment je m’appelle. Je ne sais même plus pourquoi j’écris. C’est la fin…
JOUR 50 Il s’est passé quelque chose. Il y a des gens partout, on entend « c’est fini ! », « C’est fini ! », « Plus de confinement ! ». Je ne sais pas ce qu’il se passe. Je sors pour voir. Je m’y reprends à trois fois avant de savoir enfin passer la baie vitrée. Je respire à pleins poumons. Je tombe dans les pommes. Direction les urgences.
JOUR 60 Vendredi 15 mai. Reprise du travail depuis une semaine. Mathilde, Mathis et Léa vont bien. La vie a repris son cours normal, si ce n’est que j’ai du cholestérol, du diabète, des troubles de la personnalité (mon double ne parle qu’au passé simple et cherche à diviser tout ce qu’il peut, c’est un peu pénible…) Mais bon nous en sommes sortis vivants ! Rendez-vous demain chez la psy, 15h30…
La poésie prend également sa place comme en témoigne le délicieux message de mon collègue et ami Mathieu ce soir : «
Chère amie, goulue de sensations saines, généreuse en partages raffinés, même confinée, laisse moi le plaisir de t’offrir, à mon tour et pour une fois, ce lien au bout duquel t’attend une délicieuse détente poétique, tout en simplicité et douceur. Puisse-t-elle te faire du bien, au autant qu’à moi. Vois déjà comme elle m’inspire !
Autour des poèmes d’Andree Chedid … » par Mathieu Chefid et l’immense Pierre Richard !
Vous reprendrez bien une tranche épistolaire désabusée ?
Ici, les personnes se font la politesse de se tenir à l’écart, de s’éviter. Chez vous, dans les cellules, il n’y a même pas l’espace de se tourner. Aux malades de pneumonie manque l’air, que vous devez respirer à plusieurs. Les prisons surpeuplées sont devenues, par surcharge pénale, des laboratoires de l’étouffement. (…)Mais la vallée pour laquelle tu t’es battue et pour laquelle tu es en prison continue à produire et souffler un oxygène politique, celui qui surgit de l’intérieur d’une communauté, qui resserre ses fibres, et ainsi donne droit de citoyen à qui est traité par le pouvoir comme un sujet feudataire. Votre vallée, traitée comme une province rebelle, continue à faire obstacle au viol de son territoire.
Eri de Luca lettre à Nicoletta (activiste emprisonnée)
Mais chantons avec le vieux chantre ce soir en souvenir des nombreuses fois où j’ai haussé le son pour accompagner ses refrains :
Makossa akeela mama
Ko mama sa maka makoosa mama ko mama sa maka makoosa mama ko mama sa maka makoosa
Heyyyy soul makossa su maiyea
Heyyyy soul makossa atteele
Heyyyy soul makossa mosoma mosoma
Heyyyy soul makossa coma coma coma coma coma coma coma coma coma coma coma
Tunga debo ombo e tunga nailso makosa
Anaamoona sisi aooo yasal makosa
Amona yeayea amona yeayea coma saou makossa
Tunga tunga umbo te tunga nesa makossa
Nikaso mama ko mama sa maka makossa
Mama ko mama sa maka makossa mama ko mama sa maka makossa
Mama ko mama sa maka makossa
Vido he he
Nadea
Heyyyy soul makossa makine
Heyyyy soul makossa mangola wakina
Heyyyy soul makossa mosama!
Heyyyy soul makossa ynot domo
Moodok! Mmmmm hmmmm
Tunga tunga umbo te tunga nesa makossa now makossa makossa…
Bonne nuit, faites attention à vous… moi je pars dans la Venise de Doña Leon… ombre d’elle même, tandis que mon cher Marc s’empiffre de littérature et mène le confinement idéal

eh bien, c’est la forme ! poésie magnifique, humour (j’ai mis un moment à me rattraper), philosophie… n’en jetez plus !
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