Il est 17:05, nous sommes dimanche 4 mars et j’observe attendrie un magnifique crépuscule sur la baie des citrons à Nouméa…
Dire que j’ai visité l’immense Calédonie par sa beauté et sa culture serait lui faire injure…
J’aurais dû y passer 5 jours qui furent réduits à 3 par la grâce des décalages horaires et de ma myopie!
Dès mon arrivée, j’ai été sous le charme puissant de cette île magique!
La beauté de son paysage intérieur animé par les volcans et les nuages, sa couleur émeraude… et dès l’arrivée à Nouméa, que de bleu, mer, ciel, bleus à l’âme aussi d’un peuple qui quitte doucement un droit coutumier et des attachements tribaux, d’une population qui ne se comprend plus, de jeunes sans modèles ni repères …
Tout cela dans une chaleur écrasante et avec le sourire et la douceur des peuples désabusés!
Je reconnais volontiers que cette halte était involontaire car due à l’absence de place dans les vols pour me rendre au Chili mais le hasard, comme toujours, fait bien les choses!
Puisque Chili continental il n’y avait pas, j’ai remplacé Valparaiso par un autre paradis sans trop le savoir!
On m’avait mise en garde, à raison, contre une certaine violence juvénile.
Elle semble réelle d’après plusieurs témoignages mais fondée sur un profond désarroi d’une jeunesse qui méprise autant ses chefs tribaux que les gouvernants politiques
“Si les dirigeants politiques et des tribus donnaient le bon exemple, les jeunes respecteraient peut-être la société mais là ils petent les plombs”
Il est un peu grotesque de dire qu’on sait tout en un week-end à Nouméa mais curieusement les gens parlent beaucoup et facilement ici.
Tous les Mélanésiens que j’ai croisés m’ont non seulement saluée mais souvent dit un mot gentil alors que les “blancs” européens passaient tout droit sans me voir…
Quant aux descendants de bagnards, les caldoches et métis, je n’en ai croisé qu’une, partageant un atelier de cuisine kanak avec des mélanésiennes en totale symbiose!
Je n’ai pas vu la somptueuse île des Pins, mais tous ceux qui y sont allés l’ont décrite comme une île de beauté sans pareil.
Si j’en juge par ma merveilleuse expérience dans le lagon du phare Amédée hier, je n’ose pas imaginer le reste car j’ai pu nager dans un autre aquarium grandeur nature en compagnie de tortues marines et de poissons de toutes couleurs et tailles.
Mais c’est le bleu et la transparence marine qui m’ont emballée autant que ce phare troisième empire qui m’ont comblée!
sans oublier les fameux tricots rayés
Aujourd’hui j’avais décidé de visiter Nouméa et après le monument américain et le marché,
pensais passer un peu de temps au Musée de Nouvelle Calédonie, sympathique et authentique mais un peu bricolo…
Cette petite halte a pris plus de temps car je suis tombée sur une journée portes ouvertes avec ateliers cuisine (anguilles aux feuilles de taro et mulet mariné accompagné de patates curry !) et teinture de textile.
Jamblon fruit
Les anguilles de grand-mère Hélène
- Bananes vertes
- Feuille de taro comestibles
- Anguille ou autre poisson
- Feuilles de taro des rivières
- Bananes vertes
- Lait de coco presse main
- Oignons verts
- Ail concassé
- Persil
Recette mulet:
- Poisson cru mariné
dessert:
Pomme liane: fruit de la passion
On ne peut pas dire que la foule se pressait au portillon mais j’ai fait la connaissance de gens adorables avec qui j’ai taillé une bavette: un jeune couple de vendéens, elle infirmière et lui dentiste sur le point après un tour du monde de plusieurs années et des affectations hétéroclites, à poser provisoirement leurs valises à La Rochelle, une dame caldoche qui accueille les personnes handicapées mentales, un couple, lui réunionnais de Marseille et elle Calédonienne issue de la “brousse” et dont le divorce avec un kanak dont elle a eu 7 enfants a visiblement été un parcours de la combattante… et l’animatrice, cuisinière en brousse elle aussi qui nous apprenait les recettes de sa grand-mère Hélène!
J’y ai aussi appris que la coutume, mot qui revient dans chaque conversation implique aussi une dot que la femme apporte dans sa nouvelle chefferie…
Dot: un sapin et cocotier représentant l’homme et la femme
Tout ceci se passait dans la cour du musée sous un chapiteau orangé qui explique la curieuse couleur de mes photos…
Et puis je me suis baladée dans une Nouméa quasi déserte ce dimanche après-midi, seulement animée par une messe à la cathédrale St Joseph et des danses américaines place des cocotiers!
Tout le monde était à la plage, logique… et j’ai fait comme eux, assistant à un spectaculaire coucher de soleil…
Il est 18:22 dans une île vraiment magnifique peuplée de sourires, de retraités, de fonctionnaires et de stagiaires futés ayant trouvé une planque loin de l’hiver! L’adorable polytechnicienne, la vétérinaire plongeuse sous-marine, la chercheuse sur le virus Zika… une armée de malins qui ont tout compris et se la coulent douce dans un pays qui tout de même frémit!
Je laisse le mot de la fin au sculpteur Kagu qui m’a parlé de son nom totémique, de sa langue, le Xârâcüü, et de la difficulté à vivre la coutume, même lorsqu’on habite en Brousse car
Cela devient trop difficile et contraignant
Post Scriptum: j’allais envoyer ce papier depuis l’aéroport lorsque je suis tombée sur un vrai personnage, Éric, un sicilien de Tunisie qui au premier coup d’œil m’a cataloguée Sepharade et m’a fait connaître les délices Méditerranéens à retrouver sur son île d’adoption.
Preuve que la vie est faite de hasards et de rencontres qui ne se produisent que si on sait sortir d’une certaine zone de confort et regarder les gens dans les yeux!
Références :
Crêperie Ty Rocher (bonnes galettes, belle vue au coucher de soleil -voir photo de titre- et personnel sympa)
MW Lounge Bar sur la plage de la Baie des Citrons. La vraie planque et le repère des hédonistes de l’île
On trouve une épicerie orientale au quartier latin
Spécialités asiatiques dans Chinatown
L’assiette du cagou restaurant kanak traditional food Quartier Latin
Paula Boi et autres artistes kanaks contemporains
L’Anse Vata
Post-post scriptum plus d’un an après dans Le Monde (14 mai 2019)
Six mois après le non au référendum pour l’indépendance, les élections provinciales redessinent la carte politique
Les élections provinciales du dimanche 12 mai en Nouvelle-Calédonie confirment la dualité de la société calédonienne, après la très nette victoire, à droite, d’un courant radical opposé à « toute nouvelle concession aux indépendantistes ». Alors que s’ouvre l’ultime mandat de l’accord de Nouméa du 5 mai 1998 et qu’il faudra inventer un nouveau statut politique pour le territoire, le paysage politique sorti des urnes traduit plus un repli qu’une « communauté de destin ».
En dépit de leurs divisions, les loyalistes conservent une courte majorité au Congrès, avec 28 sièges contre 26 aux indépendantistes. A l’échelle du territoire, les listes loyalistes ayant obtenu plus de 5 % des suffrages cumulent un peu plus de 53 000 voix et les indépendantistes près de 44 000. A droite, la terre a donc tremblé. Calédonie ensemble, qui dirigeait le gouvernement et la province Sud, s’est effondré. La plupart des observateurs s’attendaient à une érosion de l’électorat de ce parti de droite modérée mais pas à un tel champ de ruines. Avec 18,49 % des voix en province Sud, qui concentre les trois quarts de la population et de l’activité économique, Calédonie ensemble chute de 16 à 9 sièges. Au Congrès, il n’aura plus que 7 élus contre 15 sortants.
Campagne offensive
Campagne offensive
« C’est un score rude. Il y a une radicalité nouvelle qui s’instaure et crée une société calédonienne de plus en plus binaire. Les discours anti-kanak et plus durs vis-à-vis des indépendantistes ont été mieux entendus », analyse son chef de file, le député Philippe Gomès, estimant que son parti a également fait les frais d’une conjoncture économique difficile et de l’usure du pouvoir. Ce scrutin a en outre été marqué par l’émergence d’un parti wallisien et futunien, L’Eveil océanien. Trois mois après sa création, ce parti ouvertement loyaliste a remporté 4 élus à la province Sud et 3 au Congrès.
Cette débâcle a profité à la mouvance proche du parti Les Républicains (LR), qui était parvenue à s’unir dès le lendemain du référendum du 4 novembre 2018, dont le résultat – 43,3 % en faveur de l’indépendance – avait été ressenti comme un « électrochoc ». Unis sous la bannière L’Avenir en confiance, les Républicains calédoniens, le Rassemblement-LR et le Mouvement populaire calédonien ont mené une campagne offensive, résolument tricolore et ancrée à droite. « Le message des électeurs est celui du changement et de la clarté sur l’avenir institutionnel. La majorité des Calédoniens veut vraiment rester dans la République », a affirmé Sonia Backes, tête de liste dans le Sud.
L’Avenir en confiance, désormais première force politique du territoire, obtient, avec 40,49 % des voix, 20 sièges sur 40 dans la province Sud, et en décroche ainsi 15 au Congrès, auxquels s’ajoutent les 3 sièges obtenus dans la province Nord à majorité indépendantiste. L’alliance constituée autour de Mme Backes disposera ainsi de 18 sièges au Congrès. « Nous avons assez d’élus à nous seuls pour demander l’organisation des deuxième et troisième référendums prévus par l’accord de Nouméa », se félicite-t-elle. La demande d’un tiers des élus du Congrès (18 sur 54) suffit en effet pour déclencher ces scrutins. Impatient d’« inverser la dynamique » du référendum du 4 novembre dont se prévalaient les indépendantistes, L’Avenir en confiance veut les organiser « au plus vite ».
En face, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) améliore légèrement ses acquis – il gagne un siège en province Nord et un au Congrès – mais manque son pari d’inverser la majorité à l’échelle territoriale. La déconvenue est palpable dans le Sud, où les indépendantistes avaient un potentiel d’environ 24 000 voix – leur score au référendum du 4 novembre –, mais la liste d’union conduite par Roch Wamytan, vétéran contesté, n’a collecté que 11 271 suffrages, permettant au FLNKS de conserver ses 7 sièges alors qu’il en visait 10.
Dans le Nord, Paul Néaoutyine s’apprête à effectuer un cinquième mandat à la tête de la collectivité, la liste qu’il conduisait ayant obtenu 38,50 % des voix et remporté 10 sièges sur 22. Avec 35,96 % des suffrages et 9 élus, la liste de l’Union calédonienne emmenée par Daniel Goa, l’autre locomotive du FLNKS, voit une nouvelle fois la victoire lui filer entre les doigts. En revanche, l’Union calédonienne devrait conserver la gestion de la province des îles Loyauté, sa liste étant arrivée en tête avec 6 élus sur 14. Faute d’union, les loyalistes échouent à faire leur entrée dans l’Assemblée provinciale, entièrement indépendantiste depuis 2009.
Malgré sa large victoire dans la province Sud et bien qu’il dispose du groupe le plus important au Congrès, L’Avenir en confiance devra composer avec les autres formations loyalistes pour constituer une majorité. Les tractations vont s’engager pour former un gouvernement. Au risque d’une période d’instabilité prolongée.
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