J’ai déjà évoqué ailleurs sur ce blog le bonheur et l’intérêt de l’excellent ouvrage de Martine Gozlan, Israël contre Israël dans ma bibliographie. Je dois finir de rentrer mes notes trop nombreuses pour cet ouvrage dont non seulement le fond mais aussi le style sont superbes. On y apprend une foule de détails rarement dévoilés et si vous voulez mes notes sur ses ouvrages, n’hésitez pas à me relancer…je fonctionne à l’offre et à la demande. Voici  cellessur la conférence donnée  Dimanche 17 novembre par Martine dans les superbes salons de la Société Nautique de Genève._DSC0004Elle est venu parler de son ouvrage Israël contre Israël et en débattre avec un public très diversifié de personnes cherchant à questionner la réalité actuel du soutiencritique  à un pays ami ou parent, Israël.

Quelques mots d’introduction par le président de JCall Switzerland, Marko Weinberger qui rappelle que  toutes les conférences de 2013 et 2014 sont dédiées à Silvia Machado et la raison d’être de JCall, sa formation et son identité “passionnément attachée à l’existence de l’Etat d’Israël mais inquiète des erreurs politiques et fautes morales de l’annexion depuis 1967. 2 peuples, deux Etats. Une voix juive de raison, ouverte à tous, au-dessus de tous les clivages partisans et politiques. Nous militons pour vivre ensemble. Idéal universel et loin de se cantonner au seul problème israélo-Palestinien. Le Prix Nobel et Président du Timor Leste, Ramos Horta a résumé la semaine dernière le processus de paix. Il est essentiel que le vainqueur soit magnanime avec le vaincu.

Il présente ensuite Martine Gozlan, grand reporter depuis 1988. Auteur de nombreux ouvrages sur la question Arabe notamment,953302-1125435

Elle commence par évoquer son bonheur à

” communiquer sur ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes en ces temps de replis sur soi. Elle évoque ses confrontation à des auditoires “non pas polémiques mais haineux venus du fond de notre identité et de la communauté juive” et remercie le public de JCall Switzerland pour son travail et son énergie.

Son allocution s’articule autour de trois parties:
1-Pourquoi ce livre?
 Titre extrêmement contesté. Encore un livre contre Israël me reprochait-on! Tous les peuples, histoires et nations ont aussi leur deux rives. Pourquoi se fixer sur cette problématique. C’est précisément dans la notion du peuple juif que réside la différence. Il s’agit d’Israël dans son histoire millénaire, c’est existentiel. Son livre évoque la contestation des choix du peuple. Elle cite Yeshayahou Leibovitch: ” Se battre, c’est au cœur de l’identité du peuple juif”, parle de cette nécessité de l’autocritique permanente. C’est là que se situe pour elle cette élection dont le concept est tellement ambigu. On se combat soi-même. Caractéristique du peuple juif et l’espoir sioniste en son début. Elle évoque cette route millénaire qui nous rend haïssable des deux côtés de la barricade.
2- Fractures de l’Etat hébreu. Quelle fracture. Voir les sondages israéliens concernant le dossier nucléaire et l’Iran, avec en toile de fond et vertige de l’anéantissement physique. “La hantise de l’anéantissement, nous la comprenons, quels que soient nos choix, d’où notre crispation. Ces fractures se dissimulent pourtant derrière cet immense tableau qui mettrait l’Etat hébreu à portée de l’anéatissement physique. Depuis la 1ère intifada, rappelle-t-elle,  je me me rends en Israël et je vois ces divisions s’enlaidir au fur et à mesure des années. Clans, sous-clans, tribus.
Tel Aviv n’est pas uniquement la cité start-up. Pas plus là-bas qu’ailleurs on y mène une existence normale, notamment en raison du service militaire, à cette ville cosmopolite il faut adjoindre sa banlieue, Bné Brak totalement orthodoxe mais aussi rappeler qu’il existe des oisis laïques à Jérusalem, avec des “jeunes qui ne se reconnaisent pas dans l’habit noir de deuil”. Je me souviens du judaïsme de mon père rappelle-t-elle, un judaïsme des couleurs. Elle regrette que la tradition lumineuse du sionisme soit ainsi obscurcie.
Elle revient sur la déchirure fondamentale au début de l’Etat  hébreu,lorsque  les nouveaux israéliens ayant reconquis leur souveraineté se sont entretués. Navire Alta Léna de l’Irgoun coulé sur l’ordre de David Ben Gourion qui avait entendu dire que Ménahem Bégin allait fomenter un coup d’Etat.
Il en va de même des querelles entre cabalistes, nationalistes etc…”l’ennemi pressait et on n’avait rien de plus pressé que de tirer sur soi-même“. Voir le monument devant la plage de Tel-Aviv pour commémorer la tragédie de l’Alta Léna. Mais cette histoire a été instrumentalisée par l’Extrême droite, notamment lors de l’assassinat de Rabin dont on a rappelé à l’occasion de sa mort qu’il avait tiré sur l’Alta Léna, sur ce canon sacré. Cette page d’histoire n’a pas été enseignée à la jeunesse. On la réinstrumentalise à l’heure actuelle et les deux barricades se reconstituent. L’union sacrée, c’est un mythe, un rêve, un leurre. La bataille s’intensifie. Comment supporter que cet état fondé par des pionniers laïcs (Martin Buber écrivait que le Kibbutz est la seule utopie qui marche… mais maintenant cette utopie est morte et les kibboutz ressemblent à des club med ). Israël reste pourtant articulé sur la loi juive. Voir les 800’000 fidèles qui ont suivi l’enterrement du grand rabbin Ovadia Yossef.
Elle rappelle aussi le combat d’Anat Hoffman qui s’est heurtée à l’embastillement car elle faisait entendre une voix féminine sur le mur. “Où suis-je dans cette dévalorisation de la femme qui pour tous les barbus des monothéismes est symbole de dévergondages?”.
C’est à nouveau un Israël qui se bat contre l’autre. Comment peut-on tendre des draps entre trottoirs des femmes et des hommes? J’ai suivi le combat de mes compagnes saoudiennes, certes, mais quel n’a pas été mon désespoir d’apprendre qu’un gourou orthodoxe en Israël considérait que les femmes ne devaient pas conduire?
On m’accuse de mettre en exergue des épiphénomènes, notamment chez les gens dont je comprends qu’ils aient Israël au cœur, mais cela n’implique pas que je me mette un tchador ou un talit devant les yeux. Il y a des voix qui sont en train de trahir les valeurs juives qui ont fondé l’universel.
Rien n’est ni blanc ni noir. C’est ce qui nous amène à examiner les enjeux immédiats. On est, comme d’habitude, à une période cruciale. Car il y a un bras de fer et son allié de toujours les USA.
Il y a un problème entre Natanyaou et Kerri/ Obama.
3- Enjeu de l’Etat hébreu contemporain notamment avec le voyage de François Hollande et le second round sur le dossier nucléaire à Genève. Il y a un fossé entre les deux alliés qui couvait depuis un moment déjà. Hantise de l’anéantissement.
L’Iran est en train de changer. J’ai pu constater que la société civile ne correspondait pas à ceux qui la gouvernait. En Iran, on n’est pas dans la détestation du juif comme dans l’ensemble des pays arabes que je couvre depuis 20 ans, rappelle-t-elle.
La Shoah nous a tous rendus orphelins. Elle nous a privés de ceux qui représentaient l’altérité qui a été le propre d’Israel au sens large depuis tant et tant de siècle. On me dit que la recherche rabbinique ou talmudique est partout. Certes, je n’en ai jamais vu autant de ma vie, mais où est ce questionnement qui nous a fait apostropher y compris Dieu et nous-mêmes. Il n’y a plus que des réponses, il n’y a plus que des certitudes. Le questionnement juif qui m’a constituée, il a été arraché. Nous sommes dans ce monde ancien qui a perdu ses questions et se raccroche à un univers fait de certitudes.
Sur les colonies, l’Iran….on ne nous oppose que ces certitudes. Ceux qui ont repris la négociation autour de Tsipi Livni sur la base de la Négociation de Genève, se posent tout de même une question. Que se passera-t-il après? Qui est l’autre, la reconnaissance de quel autre? Nusseibeh? Les philosophes, politiques? Le Hamas monte-t-il en Cisjordanie? Ces questions hantent Israël. Les fous de Dieu, les néomessianiques (tiens, j’ai fait un lapsus, Neomessioniques qui m’en suggère un autre, les Néo-Messionistes, d.romy). A cette question légitime, n’opposent que des certitudes. C’est l’échange, la réflexion qui manquent.
Le monde aussi n’oppose à Israël que des certitudes. Raccourci effroyable qui a fait monter l’antisémitisme en France (Vous n’êtes que des Nazis)
Respectons les anciens mais soyons de notre temps, conclue-t-elle avant de céder la parole au public pour une séance de questions toujours courtoises mais reflétant les multiples sensibilités de l’assistance.

Mais alors Madame, quelle est la solution? Lui demande un participant, tandis qu’un autre parle d’un gouvernement israëlien froid et calculateur…voici une galerie de photos pour revivre ces moments de convivialité, de partage et de chaleur malgré la panne de chauffage à la Nautique!

_DSC0009 _DSC0013 _DSC0025 (2) _DSC0025 _DSC0043 _DSC0039 _DSC0054 _DSC0047 _DSC0044 _DSC0044 (2) _DSC0055 _DSC9910 _DSC9911 (2) _DSC9914 _DSC9917 _DSC9919 _DSC9921 _DSC9924 _DSC9953 (2) _DSC9972 _DSC9953 _DSC9956 _DSC9963 _DSC9993 _DSC9984 _DSC9983 _DSC9981crédit photos:  ©Clélia  Romy (2013)

3 thoughts on “La rédactrice en chef de Marianne à Genève pour JCall Switzerland

  1. très bon compte rendu. Mais beaucoup de généralités. L’Altalena était destiné à une milice qui ne voulait pas se fondre dans les Forces armées d’Israel (Tsahal) et constituait un défi à l’autorité du jeune Etat. D’où la décision de Ben Gourion -la présentation de MG est partielle et donc partiale.Et les élections apportent une réponse tout de même importante aux multiples questions. Merci de ce travail ¨fn

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