Le 3 Septembre 2017, journée des Diasporas juives, j’ai participé à deux événements concordant parfaitement avec ma lecture et mes activités du moment. Ces coïncidences se sont télescopées avec ma riche journée du 7 septembre.

Curieusement, j’écris ces lignes alors que Haïti s’apprête à être frappé par une catastrophe qu’on espère ne pas avoir à comparer avec celle de 2010, cruciale comme ancrage romanesque de l’excellente saga de Louis-Philippe Dalembert, comme on le verra.

Le premier événement était la conférence de la charmante Anabelle Schachmes venue expliquer dans la merveilleuse synagogue Beit Yaakov de Genève les coulisses de son livre sur la cuisine juive, “qui lui avait permis de s’économiser une psychanalyse” et le second une présentation/exhortation d’Ilan Greilsammer sur les relations Israël-diaspora juive.

On présente souvent la diaspora juive comme gardienne d’un passé de persécution et Israel comme le garant que ce passé le demeure afin que, pour reprendre les termes de Greilsammer “Les juifs sachent qu’ils ont un pays où ils peuvent constitutionnellement retourner en cas de danger.”

Toutefois dans une éducation française et juive pourtant très informée il reste à vrai dire bien des lacunes.

Il est fréquent d’entendre parler du passé de Haïti, première république des Amériques, premier des pays à avoir secoué le joug de l’esclavage avec Toussaint Louverture, “L’héritier noir des lumières” mais une émission de France Inter m’a sidérée et j’ai décidé de creuser la question.

La Shoah est ma mémoire indirecte depuis ma tendre enfance.

Je revois Madame Picard -la sévère mais juste directrice de l’Ecole Lucien de Hirsh- me tendre Le Messager de l’Espérance de celui qui deviendrait un jour mon grand ami, Henri Bulawko.

Je me souviens également de mon choc à la lecture du Juif Imaginaire écrit par celui dont je serais plus tard brièvement l’attachée de presse à l’occasion du Procès Barbie, Alain Finkielkraut et je n’oublie rien, surtout, des témoignages qui continuent de me hanter au point d’exacerber mon émotivité en présence de tout témoignage de la Shoah.

Je ne suis plus capable de visiter des lieux de mémoire de l’Holocauste sans m’écrouler d’une douleur quasi physique, ce qui ne m’empêche pas de haïr les mises en garde gouvernementales israéliennes qui brandissent ce rappel à tout bout de champ en menant par ailleurs des exactions totalement inhumaines, disproportionnées et indignes de la mémoire de ceux dont la mort par millions a rendu possible le vote de l’ONU entérinant son existence.

Je préfère tourner mon regard vers ces justes et ces territoires justes où les juifs purent fuir les persécutions nazies, la Corse, Shanghai, ou plus près de nous encore Le Chambon sur Lignon, Moissac ou Dieulefit.

Mais Haïti ????

De Haïti j’ignorais tout, et un rapide sondage autour de moi m’a permis de me rendre compte que je n’étais pas la seule.

Le hasard d’une émission de Radio, m’a permis de découvrir le délicieux roman de Louis-Philippe Dalembert, fait d’un humour tendre quasi yiddish malgré le côté sombre (sans jeu de mot) du thème principal, à savoir l’exode de d’une famille de Pologne jusqu’à Haïti. Vous trouverez plus bas, juste avant les références quelques bonnes feuilles cosmopolitiques de cet excellent roman au style délicieux et à l’intérêt historique tout à fait remarquable.

Mais avant celles-ci, je trouve fascinant d’observer qu’en quelques jours, j’ai eu la possibilité de découvrir en quoi la cuisine était profondément mémorielle (non pas que je l’aie ignoré, mais que je pensais que c’était un élément totalement personnel.) et à quel point l’injonction de certains intellectuels israéliens correspondait totalement à ma démarche dès l’an 2000 de créer une Académie Sans Frontières.

Je reproduis également ci-dessous mes notes concernant la conférence du professeur Greilsammer.

Et comme si tout ceci ne suffisait pas, j’ai assisté ces derniers jours à la lecture faite depuis le début de l’année du nom de chaque personne déportée dans les convois barbares hitlériens.

et militerai désormais pour que l’histoire d’Haïti soit plus largement connue et honorée.

Mais il me restait à reconnaître que l’histoire bégaye et qu’aujourd’hui au XXIe siècle on en arrive à se demander si l’on pleure plus les pierres que les hommes. C’est au cœur de la problématique de l’excellent documentaire de Jean-Luc Raynaud présenté le 7 septembre 2017 à l’institut du monde Arabe à Paris dans le cadre plus large de la présentation d’un festival tout à fait unique, le BAFF (Beirut Art Film Festival) dont la présentation se fit à l’IMA le 7 septembre 2017.

Après une introduction de Jack Lang annonçant la constitution d’un fonds international de sauvegarde du patrimoine en danger dans les pays en conflit en Octobre 2017 à Genève et 30 mn de présentation du festival fait de documentaires sur l’art sur toutes ses formes en raison d’un partenariat avec l’IMA et dans un esprit d’ouverture international.

“La guerre dans notre pays (le Liban) n’est pas finie même si on ne se trouve plus sous une pluie de bombes. Elle se joue désormais aux niveaux des politiques sociales et économiques. À Beyrouth,

du 14 au 19 novembre 2 salles diffusent de 17 à 24 h mais leur résonance s’étend à tout le pays: 60 écoles (Hergé à l’ombre de Tintin), des universités (4 films) et centre culturels, des ONG, replaçant la Culture au cœur de la société

Ce festival répond à une véritable attente du public libanais durant ce mois entier dédié au film sur l’art, nous dit sa Présidente.

À propos de Patrimoine et Barbarie, le documentaire Syrie: les derniers remparts du patrimoine(lien vers teaser version anglaise ou française), son réalisateur, Jean-Luc Raynaud, se demande s’il normal de plus se lamenter sur les ruines de Palmyre, ce joyau au cœur du désert syrien alors que meurt son peuple. Voici des rescapés des destructions des deux camps dans cette guerre des images. C’est triste à dire mais elles doivent leur survie au pillage occidental qui s’érige en protecteur du patrimoine universe au British Museum, dans les musées Berlinois et au Louvre: et le regard émerveillé d’EbihII ci-dessus

à l’image de ce Code d’Hammourabi, 1er texte de loi connu à ce jour.

C’est un hommage à cette société civile faite d’êtres magnifiques qui travaillent dans l’ombre sans aide, abandonnés.

Film fait par les portables de la société civile: guerre la plus documentée et la moins informée

L’APSA 2011 Vous permettra de ne plus pouvoir dire que vous ne saviez pas, malgré mon papier sur un sujet connexe écrit en 2012.

Voici donc les propos d’Ilan Greilsammer suivis d’extraits du du roman de ce grand monsieur Dalembert.

Conférence d’Ilan Greilsammer, à la Communaute Israélite libérale de Genève (Gil) le 3 septembre 2017 sur les Relations Diaspora-Israël

Introduction où il rappelle avoir connu le Rabbin François Garaï à la Synagogue Copernic à Paris.

On fête cette année les 69 ans de l’état d’israel, une célébration à laquelle ne s’associent pas 2 populations de ce pays:

  • les Arabes israéliens (qui “deviennent de plus en plus israéliens”)

  • Les Haredim (Juifs ultra orthodoxes) qui pourtant “vivent des subsides du gouvernement israéliens”

Les juifs savent qu’ils ont un pays où ils peuvent retourner en cas de danger. L’Etat d’Israel n’a pas le droit de refuser la nationalité (sauf Meir Lansky et les criminels de cet acabit) à tout Juif qui en ferait la demande.

Le Sionisme est né en plein antisemitisme débridé dans toute l’Europe. Il s’agissait de trouver une solution à l’antisémitisme en diaspora, mais l’idée du Peuple juif comme Nation était dans l’air du temps, comme l’Italie ou l’Allemagne unifiées.

Toutefois l’idéologie sioniste était de faire naître un Juif nouveau sur ses terres ancestrales, tournant le dos au Juif de la diaspora dans la même conception qu’en avaient les antisémites qui voyaient en lui un intellectuel chétif et scribouillard.

Il était question non plus de Juif mais d’Hébreu : paysan, Grand, sûr de lui…

Pour Borochov il fallait établir une pyramide inversée : les juifs de la diaspora sont seulement en haut de la pyramide. Faisons l’inverse en Israel avec paysans et ouvriers (normalité ) à la base.

La diaspora est finie selon eux: soit les juifs iront en Israel soit ils disparaîtront

Le mépris pour la diaspora se manifeste dans le peu d’efforts du Yishouv qui n’a pas fait grand chose pour les juifs persécutés pas plus que pour les rescapés de la Shoah.

Cette perspective emplie de mépris a changé à partir des années 60 avec le Procès Eichman en 61:

1) constat que les juifs de diaspora ne disparaissaient pas, même amoindries du fait de Hitler et de leur éjection des pays arabes.

2) ces communautés étaient en plus d’une grande aide lors des attaques anti sionistes en raison de la sympathie croissante pour la cause palestinienne. Les juifs restent dans leur immense majorité pro-israéliens.

Avec le Temps les israéliens ont réévalué l’histoire et l’importance des Juifs.

Avec le Procès Eichman, les jeunes Israéliens ont découvert la Shoah jusque là occultée en raison de la langue et d’un manque de communication (on parlait de moutons menés à l’abattoir).

Ce Procès a vraiment raconté aux Israéliens ce qui s’est passé dans la Shoah. Ils ont découvert la richesse des communautés décimées. Le ghetto vu comme une forme de bravoure.

La Shoah après ce proces est devenue un élément fondamental de la société et de l’éducation israéliennes. La Marche des vivants et voyages dans les anciens camps de concentration qui font partie du cursus de tout jeune Israélien restent controversés.

L’époque est à la réhabilitation, objet de recherche sur la diaspora et Culture séfarade

Relations aujourd’hui extrêmement étroites entre diaspora et Israel :

1) la solidarité est un élément central de l’identité Juive en Israel de la part des Juifs de diaspora : un Juif doit soutenir l’existence et toutes les politiques israéliennes.

2) les israéliens eux-mêmes sont divisés à propos de leur gouvernement. Je suis de ceux qui pensent que tous les Juifs ont le droit de donner leur opinion sur ce qu’ils pensent positivement ou négativement d’Israel en vertu que c’est l’état du Peuple Juif.

Par exemple le mouvement libéral est discriminé en Israel comme en témoigne l’espace non orthodoxe non autorisé au Mur des Lamentations, ce qui est intolérable (question posée aux Libéraux américains qui ont répondu : nous ne voulons pas donner des armes aux ennemis d’Israel).

Du côté d’israel il subsiste un manque de compréhension de ce que vivent les israéliens comme en témoigne l’admonestation des Français juifs par Bibi Netanyahu après les attentats antisemites de 2015.

Ne pas faire passer la realpolitik avant : le gouvernement israélien s’est tu devant les menées antisémites contre Soros

Idem devant le renvoi dos à dos de Trump récemment

en ce qui concerne l’avenir: je reste optimiste. Israel est un état fort (économiquement, politiquement, militairement, scientifiquement .. reste le sport où il ne brille toujours pas)

Diaspora : la communauté Juive en France est florissante, vivante, organisée

Israel ne doit pas patronner les communautés juives et les Juifs ne doivent pas hésiter à donner leur opinion

Regardez où va votre argent. Se méfier de la générosité aveugle. Exigez plus de son État, l’État des Juifs

À côté de cela force est de reconnaître certaines réalités, à savoir qu’il n’y a rien de plus stupide que l’action palestinienne et qu’Israel est l’Etat de l’OCDE où l’écart social est le plus élevé.

Le camp de la paix (Oz, Yehoshua, Grossman ) n’a pas d’équivalent chez les palestiniens. (Exception faite de Nusseibe)

Une reconnaissance du droit des Juifs à revenir sur une partie de leur territoire n’est pas possible pour les palestiniens…on tourne en rond.

Louis-Philippe Dalembert, Avant que les ombres s’effacent, roman, Sabine Vespieser éditeur, 2017

(Titre extrait du Cantique des Cantiques)

Ouvrage dédié:

– à la mémoire d’Arnold Israël, qui fut à sa façon un père de substitution, gardien tutélaire de mon enfance Caraïbes.

– Aux centaines de familles juives qui ont trouvé refuge en Haïti avant et pendant la seconde guerre mondiale.

– Aux réfugiés d’hier et d’aujourd’hui.

Prologue

11: le vendredi 12 décembre 1941, par une paisible matinée Caraïbes ou le soleil, à cette époque de l’année, caresse la peau plutôt que de la mordre, la république indépendante, riche et démocratique d’Haïti déclara les hostilités au IIIe Reich est au royaume d’Italie

(…) Il s’agissait cette fois de faire gober sa suffisance à Hitler et, au passage, de voler au secours des malheureux israélites. Premier pays de l’histoire contemporaine à avoir aboli les armes à la main l’esclavage sur son sol, le tout je n’état avait décidé lors, pour en finir une bonne fois avec la notion ridicule de race, que les êtres humains étaient tous des nègres, foutre ! Article gravé à la baïonnette au numéro 14 de la constitution

document retrouvé sur Africulture

(cf https://www.haiti-reference.com/pages/plan/histoire-et-societe/documents-historiques/constitutions/constitution-de-1935/. Par contre la constitution de 1987 met en avant le créole, voir https://www.haiti-reference.com/pages/plan/histoire-et-societe/documents-historiques/constitutions/constitution-de-1987-amendee/)

12: depuis les lois raciales Nuremberg et l’infâme nuit sans nom, les fiers Caribéens rêvaient ainsi d’en découdre avec ce guignol gesticulant d’Hitler. On allait pas rester les bras croisés, laisser ces bouffeurs de porc cru nazis génocider les juifs, sans compter que ça nous permettrait de d’étendre davantage notre influence dans le monde. Déjà en 1939, le pays avait adopté un décret loi afin d’octroyer la naturalisation immédiate (…) À tous les juifs qui le souhaitaient.(…)Depuis la traversée forcée à fond de cale de l’immense océan atlantique, ils ont une horreur crasse de l’élément liquide. (…) Il ne faut donc pas leur parler de pureté de la race, d’autant y citer identité et toutes ces conneries. Nous sommes des bâtards, point !

14: depuis que leurs ancêtres avaient mis une branlée ou vétérans de l’invincible armada de Napoléon, les haïtiens s’imaginaient terrasser les plus puissants de la planète, comme on écraserait un chétif insecte, d’un talon indifférent. Dans leur esprit, un Autrichien à la gestuelle de bouffon ou un nabot corse dresser sur ses ergots, c’était blanc bicorne, bicorne de blanc.

15: le hasard avait déposé près de son berceau sous la forme d’un livre au titre prémonitoire : de l’égalité des races humaines, écrit par le médecin et intellectuelle haïtien Anthénor Firmin.

BERLIN: en exergue à cette partie la citation d’Anténor Firmin : la conception d’une classification hiérarchique des races humaines, qui est une des créations doctrinale des temps modernes (…), sera sans doute un jour la plus grande preuve de l’imperfection de l’esprit humain.

22-23: L’idée lui vint alors de chercher du côté de la langue française, où elle était persuadée de trouver une perle. Une langue si fournie en merveilles ne pouvait la décevoir. C’est ainsi que de l’égalité des races humaines, dans lequel elle avait pioché les premiers rudiments de français, aller faire irruption dans la vie du futur docteur Schwartzberg. Sans le vouloir, sa mère l’y avait encouragée, qui n’avait de cesse de pouvoir soutenir une conversation correcte dans la langue de Zola.

23: loin d’être du désamour (envers sa ville natale), il s’agissait en fait d’une antique insécurité, ce sentiment de ne se sentir nulle part chez soi, qui avait traversé plusieurs générations de juifs pour venir échouer dans son corps de femme. Le voeux « l’an prochain à Jérusalem », formulé à chaque clôture de Pessa’h avait contribué à le renforcer. Comme s’il fallait à tout prix, à un moment ou un autre, poursuivre la vieille errance ancestrale, pareil à des nomades happés par l’appel de l’horizon.

24: Paris est-elle la ville natale de Zola, l’auteur de J’accuse. La capitale du pays où les membres de la communauté jouissait, depuis 1791, de l’égalité des droits avec les autochtones. Un juif ne pouvait qui être heureux. Ahoy gluckor wi a yid in Paris”.

36: et les Parisiens, c’est connu, sont peu patients avec ceux qui mastiquent mal leur langue, une manière habile, au fond, pour cacher leurs propres lacunes dans celle des autres.

37: tous, même tante Ruth, étaient convenus que l’inscription dans une école confessionnelle aurait constitué un repli sur soi. Ils avaient besoin de s’ouvrir au monde, de tisser le plus de liens possibles en dehors de la communauté, surtout pour les enfants.

49: Épisode historique réel rapporté par les diplomates haïtiens qui, durant la nuit de cristal ont sauvé des juifs en les ramenant en voiture.

50: voilà comment, pour la deuxième fois en 25 ans, Haïti avez croisé le chemin du Docteur Schwartzberg, à un moment où il avait presque effacé le pays de sa mémoire. Quelle ne serait pas sa surprise, bien des années plus tard, de lire sous la plume d’un poète haïtien du nom de Joubert Satyre, un poème intitulé Kristallnacht, donc il avait même retenu quelques vers :

Jusqu’aux marches du feu

Le Zohar pleure ses lettres

Est-ce douleur du talion

Est sur heures du Vaudore

Es-tu toi qui n’es pas

(le poète vit à Guelf en Ontario et son dernier opus s’intitule Mémoire d’encrier)

57-58: L’interprétation des événements par les autorités avaient achevé de les convaincre : l’heure était venue d’aller ancrer leur errance ailleurs. Comme des dizaines de milliers d’autres allemands et étrangers, ou présumés tels, qui s’étaient déjà jetés sur le chemin de l’exil quant à eux pendant les cinq dernières années, avait fermé les yeux et les oreilles, ajusté leurs voiles à défaut de contrôler le vent, en pensant pouvoir tenir le coup et passer le cap sans trop de casse. Toute la question maintenant était de savoir : vers quelle oasis aller planter leur Soukka ?

63: À propos de l’expulsion de Pologne : (…) son défunt mari donc plus jamais elle ne pourrait accompagner la mémoire en allant déposer un caillou sur sa tombe… Un acte de lâcheté à ses yeux, au lieu de rester sur place et de se battre pour ses droits eu d’être humain, de citoyenne à Parentières de ce foutu pays.

64: À propos du sionisme de la tante Ruth : sa seule crainte à ce propos concernait la cohabitation, une fois l’État créé, avec leurs voisins. Eux aussi avait droit à une terre le point plaise au ciel, auquel elle ne croyait pas, (…) que chacun accepte de faire une place à l’autre, comme un couple dans un lit.

68: les États-Unis avaient instauré un système strict de quotas annuels, qui faisait peu cas des dangers que les gens couraient ici ; il voulait s’assurer, se justifiait-il, que le régime nazi n’avait pas glissé des espions de l’Abwehr (…), parmi les immigrants.

85: (sur les camps de concentration) Longtemps, le docteur Schwartzberg choisirait de taire cet endroit sur lequel tant de choses seraient racontées, filmées, écrites, peintures, chantées, sculptées, sans épuiser pour autant l’étendue des abominations qui furent perpétrées, à l’instar d’un cadavre qui n’en finirait pas délivrer ses vérités sur les mille et une manières dans la chair vivante avait été souillée.

87: il s’entendit chuchoter histoire de sa vie un peu comme on se confesse quand on sait aller vers une mort certaine. Il dit Lödz qui, à la vérité, n’était plus en histoire, mais celle des siens. L’homme lui dit qu’il avait tort : le passé d’un individu, c’est comme son ombre, ou le porte avec soi.

141: “quelle horreur ! » Fulmina Madame Faubert, dont la nouvelle était venue réveiller la fibre patriotique. Son pays avait déjà déclaré la guerre trois fois à l’Allemagne, apprit-elle à son jeune hôte, il n’hésiterait pas à recommencer, s’il le fallait. La dame en parlait comme si elle était prête à aller se battre les armes à la main en cas de conflit. « On ne traite pas des êtres humains, moins encore c’est co-nationaux, de cette façon », dit-elle sans plus de retenue.

146: quand les Parisiens construisaient Notre-Dame, les Prussiens mangeaient encore du cochon cru et dormaient sur la paille.

151: À force, il était parvenu à mettre de côté sa réserve toutes Teutonne et à s’essuyer les pieds, selon l’expression des Haïtiens pour évoquer le fait de danser(…).

153: le dimanche 3 septembre 1939, deux jours après l’invasion de la Pologne, son pays natal, par l’Allemagne, son pays d’adoption, la France, son pays d’accueil, prit enfin son courage à deux mains et, sur le coup de dix-sept heures, par la voix du président du Conseil, déclara la guerre au IIIe Reich.

155: voilà comment le matin du 11 septembre, alors que la guerre mais là c’est une nouvelle fois aux portes de l’Europe, le docteur Ruben Schwartzberg adopta sa troisième nationalité depuis sa naissance à Lödz un quart de siècle plus tôt.

Références aux relations entre judaïsme et vaudou au cours d’une cérémonie

Références:

Les prix décernés au roman de Dalembert (Nouvel Obs)

RFI sur Dalembert y compris une interview sur Littérature Sans Frontières

Site de l’éditeur Sabine Wespieser

France Culture sur Dalembert et Haïti

Corse Juste Parmi les Nations? Le débat n’est pas clos

Haïti par Joséphine Baker

Interview de Dalembert dans Africultures

8 mars 2017

L’extraordinaire poème de Camille Roussan figure dans ma page poétique

Exposition du Centre Juif Québécois à l’origine du livre de Dalembert

Article de Yeroushalmi du 17 janvier 2010 sur Haïti, les Juifs et Israël

Article de Nathalie Szerman, Haïti un Pays Fier de ses Juifs

Les Juifs d’Afrique article RFI 24X2014

Du shtetl juif au morne haïtien. Par Daniel Delas, in Carnets de littératures africaines, 07/05/2017, http://apela.hypotheses.org/1509.

Vaudou et kabbale

One thought on “Diasporas Juives et Haïti ou la mémoire effacée

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