Il est des destinations dont le nom seul est une invitation au plus dépaysant des voyages… les exquises Marquises en sont certainement le plus éloquent témoignage! C’est un véritable coup de cœur pour la destination autant qu’un petit coup de griffe à l’image trop unanime à mon goût du pourtant mythique bateau mi-cargo mi-croisière, l’Aranui, auquel je vous convie à mon tour!

j’aurais certes vraiment mauvaise grâce à ne pas reconnaître que j’ai effectué une magnifique croisière qui m’a permis de découvrir les 6 Îles habitées des Marquises, quelques îles des Touamotu et des îles Sous-Le-Vent. Or ça, seul l’Aranui le réalise pour le plus grand bonheur et confort des habitants de ces îles qui seraient bien plus…isolées et dépourvues sans lui!

The Marquesas are farther from any continental landmass than any other islands in existence. They’re so remote that some are untouched since the era of European explorers.

Despite this, they’ve had famous boosters. Scottish novelist Robert Louis Stevenson, French painter Paul Gauguin and Belgian singer-songwriter Jacques Brel loved these islands, where misty, 1,000-foot waterfalls cascade down volcanic cliffs and rugged mountains disappear into the clouds.

Although the archipelago is part of French Polynesia, it’s 932 miles — a 3 1/2-hour plane flight — northeastof Tahiti and is 3,000 miles from the west coast of Mexico, the nearest landmass (Finding Eden in the Marquesas, Rosemary McClure, LA Times, 5 November 2017)

Pourtant il me semble que ce que l’Aranui a gagné en notoriété a quelque peu nuit à son authenticité sans qu’elle ait gagné en professionnalisme.

Peut-être qu’on m’a trop répété que c’était un voyage extraordinaire…. mieux vaut partir sans trop d’attentes!

Cela dit j’ai, je le répète, rencontré des gens extraordinaires et reviens les yeux et le cœur remplis d’images.

Mais avoir presque en direct assisté à la mort d’un homme -qui aurait peut-être pu être évitée avec un peu plus de professionnalisme d’une équipe de guides dont certains ne brillaient que par leur incompétence – me permet d’apporter un bémol au concert de louanges.

Ayant finalement compris que je n’aurais pas à attendre plus que des platitudes sur les Îles et ne désirant pas rester sur ma faim, c’est à la remarquable et très cosmopolite Deborah Kimitete, heureusement à bord comme conférencière, et surtout au remarquable guide hélas présent seulement sur une partie du trajet, le très érudit Didier Benatar, que je dois d’en savoir plus long sur cet extraordinaire archipel du bout de l’océan ! Ils m’ont permis de rencontrer les bonnes personnes, Jacques Iakopo Pelleau grâce aussi aux conseils avisés de Cendrine de l’office de tourisme de Nuku Hiva rencontrée à la veille de mon départ au Fare Suisse, mais aussi Huukena Teiki, un ancien légionnaire, écrivain, tatoueur et chercheur, sans oublier l’adorable et si fin Jacques Vittelini , le libraire de Ua Poudont chaque phrase est un océan d’humour et de culture….

Mais reprenons… et pour cela je vais utiliser les mémos remis chaque jour par l’Aranui, coquilles incluses!

Jeudi 1er Février 2017

Un embarquement en musique et la découverte de ma cabine sur le pont 2…

9 heures embarquement fleuri…ouf, je ne suis plus responsable de rien !

Découverte de ma cabine, excellente surprise car Dieu sait ce que cabine standard veut dire sur un cargo. On a beau faire aveuglément confiance à ses cousins chéris… on s’inquiète un peu! Il s’avère que son emplacement est des plus stratégiques comme on le verra plus tard!

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Ce sont les premières prises de contact, avec à droite le Marquisien le plus photographié du monde:

I did a double take the first time I saw the smiling, tattooed face of Jean-Claude Pahuatini, also known as Maha (R.McClure)

notamment avec le sympathique groupe des Ecomarcheurs de Papara et les journalistesAnne-Marie Cattelain Le Dû (Hotels & Lodges, Gala) et Nassera Zaid (Ushuaia, Le Parisien)…Elles m’ont permis d’agrémenter les repas d’intelligentes et instructives conversations et rassurée lorsque je m’étonnais de la médiocrité de certains guides notamment…et la belle Deborah, un roman à elle toute seule….mais à ce moment là je l’ignorais encore. Je trouvais juste qu’elle avait fière allure avec sa couronne Marquisienne et ses beaux yeux verts qui laissaient flotter un air cosmopolite….

J’ai assisté à la première leçon de danse tahitienne et espérais bien revenir très experte…. mais le mal de mer qui m’as saisie assez vite (mon médecin avait tout prévu sauf mon manque total de pied marin!) et contre lequel j’ai bêtement lutté au lieu de tout de suite le soigner a eu raison de ma carrière de vahiné car lorsque j’ai enfin été “patchée”, la chorégraphie était devenue bien trop élaborée pour moi! Dommage car c’est très gracieux et assez semblable aux pas de danse orientale !

Bref, entre exercices de sécurité, repas, bouquins et briefings, la journée est vite passée et la croisière était bien lancée!

Vendredi 2 Février à Fakarava

Un accueil fleuri, musical et souriant nous attendait sur le quai…

Cette étape dans les Tuamotu aurait dû être un des émerveillements de cette croisière enchanteresse fut un peu ternie par un temps relativement gris et pluvieux ! On la traverse en quelques pas comme la photo ci-dessus le montre assez clairement puisque je me situais côté lagon (où les barges de l’Aranui nous débarquent) et me dirigeais vers l’océan.

J’ai appris (évidemment pas de mes guides incompétents) que Fakarava a une rue principale cimentée car il avait été prévu que Jacques Chirac la visite…. ça ne s’est pas fait mais du coup on y croise un nombre impressionnant de voitures pour une île qu’on traverse en une demi-heure maximum….!

J’y ai tout de même apprécié les couleurs, la petite poste (vous en verrez d’autres encore plus charmantes), la ravissante église aux lustres en coquillages et aux statues alliant l’art de sculpter le bois polynésien à la liturgie chretienne.

Je vous laisse enfin prendre connaissance de la portée des essais nucléaires dans cet écrin du patrimoine environnemental mondial et cela m’a rappelé la gentillesse avec laquelle les Néo-zélandais s’abstiennent de mentionner le Rainbow Warrior…

Ce n’est pas la pluie qui allait brider mes ardeurs marines et j’ai tout de même (mouillée pour mouillée) batifolé avec les petits poissons sur une minuscule plage qui est certainement exquise sous le soleil !

En bref, une bonne occasion de découvrir un îlot charmant!

Samedi 3 Février : mal de mer!

Après avoir compris ce qui m’arrivait j’ai eu recours à la charmante et très compétente infirmière, Lydia qui a vite compris que Mercalme ne suffirait pas… j’ai donc eu droit à deux patches (au départ et au retour) mais du coup j’ai passé le plus clair de mon temps au lit… à bouquiner ! La situation de mon pont était un avantage évident! Mes copains dans les chambres à 17000 euros avaient l’impression de valdinguer dans leur lit! Et puis il a fallu ajouter sa montre à la fameuse demi-heure Marquisienne (comme celle d’Adelaide….ça m’amuse toujours !)

Dimanche 4 février : 2 Îles Marquises, Hiva Oa et Tahuata

l’ordre habituel des arrêts a été bouleversé par le fait qu’on ne pouvait effectuer le déchaînement du cargo le dimanche à l’île habituellement prévue sur l’itinéraire …l’arrivée avec ces couleurs et cette incroyable beauté sauvage laissaient augurer une journée intense et riche!

j’ai enfin pu assister aux manœuvres du fret…le nerf de la guerre, du moins ma raison d’embarquer sur cette croisière ! Encore que les paysages à couper le souffle d’Hiva Oa m’ont vite convaincue que Brel et Gauguin avaient tout compris !

La Messe Marquisienne est bien moins colorée et vibrante que l’office Protestant! Les fidèles sont en blanc et au final cela chante peu…

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La foi et la dévotion cependant sont tout aussi authentiques et sincères que l’était celle de leurs ancêtres comme en témoigne l’extraordinaire site Te l’ipona de la féroce tribu Naiki qui régenta Hiva Oa et d’autres îles des Marquises où l’on retrouve des tikis identiques quoique de mon moindre format. Ayant désespéré des guides francophones, j’ai suivi la visite de John:

  • Taka’ii (red with rage)
  • Big head: seat of Mana
  • Big mouth: power of speaking. importance of the oral tradition
  • Learn through your guts: big stomach
  • Red tuff strome
  • Butterfly priestess. makaii taoa Pepe. Died giving birth

Meae Lipona, à Puamau (qui) est le site archéologique le plus réputé des Marquises. Il s’agit d’un sanctuaire religieux (meae) entouré de banyans et d’arbres fruitiers. Son intérêt réside dans la présence de cinq tikis géants taillés dans de la roche volcanique. Parmi eux, le « tiki couché » ou Maki Taua Pepe qui représenterait une femme qui accouche et le « Takaii » qui est le plus grand tiki de Polynésie. Il mesure entre 2m43 et 2m67 en fonction des sources ! (Tahiti blog)

  • Haka figure and Dog/lama on the side of the goddess

  • Language spoken at home in the Marquesas: 2/3 marquesian 1/3 French

Dimanche et Ta Huata obligent….une visite à la charmante église catholique de Vaitahu s’imposaient! Celle-ci date de 1988 et a été bâtie pour commémorer le 150e anniversaire “de l’arrivée de l’Evangile” aux Marquises à l’instigation du très vénéré Hervé-Marie Le Cléac’h, 2ème évêque de Taiohae de 1970 à 1985! Le clocher de l’église sert de phare et son architecte est le frère Girard, un marquisien. Les cailloux qui complètent son ornementation proviennent du rivage de l’île

et sa porte en tau, signe caractéristique des franciscains.

Je regrette la pauvreté des explications fournies sur cette “île où tout a commencé” et vous renvoie au site de Tahiti info ainsi qu’aux autres liens que je m’empresse d’ajouter en référence.

Sur ce superbe coucher de soleil s’achevait cette belle première journée aux Marquises

Lundi 5 février:

si le paradis existe sur terre, il ressemble certainement à Nuku-Hiva (documentaire 2018 Île de Pâques, l’heure des vérités)

L’arrivée sur ce joyau des Marquises est l’une des très belles images de ce voyage…

Le temps d’observer le débarquement et le Tiki dont il est question plus bas mais qui a de la gueule vu de loin, surtout que pour une fois c’est une dame..Petit tour en “ville” avec la magnifique résidence de l’Administrateur avec ses flamboyants qui me donnent une furieuse envie d’y postuler, la poste (vous n’y couperez pas….!)….

Et donc cet improbable Tiki qu’il convient de ne pas voir )sur tous les angles tant le diable est dans le détail

… à moins que ( orthographe à votre discrétion)….

….la très symbolique église de Taiohae, Notre Dame des marquises (1979)

Le monument le plus remarquable de Taiohae, beau mélange de pierre et de bois, se dresse sur le Tohua Mauia, lieu sacré et vénéré des anciens Marquisiens. On aperçoit, sculptée dans un arbre, la statue de Mgr Dordillon, évêque des Marquises de 1848 à 1888. Il reçut le terrain du chef traditionnel Moana afin d’y bâtir une école. La cathédrale a été érigée à côté en 1977. Les pierres ayant servi à la construction proviennent des six îles habitées : sur la façade est, le keetu (tuf volcanique) rouge de Hiva Oa et le grès blanc de Nuku Hiva, au nord, des pierres de Ua Pou, à l’ouest, des pierres de Ua Huka et Fatu Hiva et au sud, une pierre ponce de Tahuata. Le parvis est constitué de plaques de phonolithe de Ua Pou. (Lonely Planet)

Rousseau a eu beau faire en la matière, les premiers Missionnaires se donnèrent comme mission d’arracher ces “bons sauvages”à leurs mœurs ancestrales, adieu tatouages,chair humaine, langue et culture… au point qu’il est aujourd’hui plus aisé de disserter sur cette charmante église que sur les Tiki et Moai…

C’est donc à une “rééducation” que convie le Règlement du 20 mars 1863 injustement appelé Code Dordillon d’après Jacques Pelo…

En 1853, le chef de la tribu de Taioae se convertit

1869, une chapelle est érigée, puis une église sur le site de l’actuelle.

Et en 1970, Hervé lecleach , prêtre, s’est battu pour ressusciter la culture marquisienne: tatouages, chants et langue

“Ma grand-mère ne parlait pas le français, ma mère le possédait fort mal et moi je me souviens encore des taloches reçues à l’école lorsque je faisais des fautes dans une langue qu’on ne pratiquait pas en famille. Je retrouvais aux Marquises un cas semblable à celui que j’avais connu enfant. Et j’avais vécu Mai 68 à Paris. Comment pouvais-je être décemment le pasteur d’un peuple dont je ne possédais pas l’idiome ? Comment annoncer la Bible sans qu’elle s’inscrive dans la culture de ceux dont je devais assumer l’éducation religieuse (article de L’Obs sur les Marquises)

Architecte frère Gérard d’hispania

Plan en Croix grecque

L’église peut accueillir 800 personnes

On trouve sur sa façade les Pierres des 6 Îles habitées

Murs à mi-hauteur et espace vide habillé de grilles en fer forgé: yeux et nez de tiki,

Croix marquises, Chris en bois de rose, christ repose sur tête du tiki et hameçon symbole marquisien.

L’église est construite au-dessus de l’ancien Tohua

Chemin de croix de l’arbre sacré de Taiowae

Dernière station: l’Olivier remplacé par l’arbre à pain

Il est évident de faute de temps je n’ai pu visiter le musée communal… ni finir ce papier car le voyage continue mais revenez…!

Taïpi d’Herman Melville est un des romans se déroulant en Polynésie à lire ou à relire. Il est le témoin d’un monde disparu. Cependant, même si, de nos jours, la culture occidentale a supplanté très largement les traditions, beaucoup d’aspects de la vie des habitants décrits dans Taïpi sont toujours d’actualité. Et puis si vous venez à Nuku Hiva vous pourrez écouter les récits et légendes si bien racontés par les Marquisiens et contempler les vestiges de l’époque décrite par Melville. (Tahiti Blog)

Et engueulez-moi pour connaître la suite, notamment le cruel destin ou la belle mort d’un Bernois sur Fatu Hiva… le Fatum à Fatu en somme….mais il y a aussi Brel, Gauguin, London, Melville, Stevenson, et tous ceux qui m’ont précédée dans l’extase Marquisien!

Références :

France Inter sur le Festival des Marquises et Deborah Kimitete

Finding Eden in the Marquesas, R. McClure, LA Times

transport des véhicules par barge.

Histoire des Marquises

Les Stevenson aux Marquises

Excellent blog sur les Marquises

Te Henua Enama, l’imaginaire aux Îles Marquises. Raphaël de Gubernatis – Le Nouvel Observateur, 9 juin 2011

en attendant la fin de cet article fleuve…je publie ici le très utile correctif de Jacques Iakopo:

Kāòha nui,

Et merci pour cet article très complet de par son texte et ses nombreuses photos.

Juste une correction à propos de mon nom cité deux fois, ce n’est pas Jacques Pelo mais Jacques Iakopo Pelleau.

Concernant Mgr Hervé-Marie Le Cléac’h, s’il était bien prêtre il fut aussi 2ème évêque des Marquises de 1970 à 1985.

Merci de corriger si c’est encore possible,

Jacques Iakopo PELLEAU

4 thoughts on “À la Recherche des Marquisiens (24): une baronne aux Marquises (Papeete-Fakarava-Hiva Oa-Tahuata-Nuku Hiva-Ua Pou-Fatu Hiva-Ua Huka-Rangiroa-Bora Bora-Papeete)

  1. Kāòha nui,
    Et merci pour cet article très complet de par son texte et ses nombreuses photos.
    Juste une correction à propos de mon nom cité deux fois, ce n’est pas Jacques Pelo mais Jacques Iakopo Pelleau.
    Concernant Mgr Hervé-Marie Le Cléac’h, s’il était bien prêtre il fut aussi 2ème évêque des Marquises de 1970 à 1985.
    Merci de corriger si c’est encore possible,
    Jacques Iakopo PELLEAU

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    1. Cher Jacques Iakopo, non seulement c’est possible mais il est généreux de votre part de penser que l’article est bouclé quand il n’est qu’ébauché… vous me rappelez à mes devoirs…Merci !!!

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