Brève pause à mi-chemin de ma sabbatique qui reprend de plus belle d’ici quelques jours avec des voyages à Barcelone pour le plaisir et l’amitié, en Israël pour JCall mais également pour une intervention le 6 mai à l’Oranim Collège de Haifa at the invitation of my dear friend and colleague Larissa Aronin (who’s just published a fabulous book with David Singleton on Multilingualism, click on the link for more), en Italie pour la Voga Lunga, à Dublin pour la conférence sur les droits linguistiques organisée par le Commissariat au Langues officielles d’Irlande ainsi qu’un voyage initiatique au Brésil qui se profile avec pour pivot central Manaus en Juin et un projet de film à Hong Kong en août…Inch’Allah, je profite pour vous livrer mes petites considérations pascales.

Nous sommes effectivement le Jeudi Saint ainsi que le troisième jour de Pessah, fête chère à mon cœur de « juive laïque », expression piquée aux juifs belges rencontrés dans le cadre de JCall (cliquez sur le lien). Pour moi, la religion, dont je suis franchement plus que détachée, tient une place considérable dans l’articulation de mon identité cosmopolite pleinement assumée.

Alors que le concept de cosmopolitisme est largement décrié par une société contemporaine faisant mine d’une appartenance unitaire aberrante dans les faits, je persiste à aimer ces petits moments qui nous rattachent à des valeurs ancestrales et multiples. Ce n’est pas en vain que j’ai grandi dans une France et une Angleterre où la fête de Pâques, le jeudi et le vendredi Saints, le Lundi de Pâques, mais surtout la fête de Pessah, constituent des rendez-vous avec le temps auxquels je tiens.

Au fond, je suis profondément attachée aux traditions, certainement en raison de mes racines mais également de par mon éducation en partie anglaise, pays qui, plus que pour la religion, a le culte de la tradition. (photo Henley)

Ainsi lundi soir, j’ai fêté en famille la Pâque juive, mélange de traditions culinaires variées, autour du pivot central tunisien msuki lambmais agrémenté des éléments traditionnels de la scénographie du Séder juif (harosset cliquez sur le lien)voire ashkenaze (kneidlach et bouillon)kneidlach

mais à la sauce française, les macarons en dessert car dénués de farine et le vin étant plutôt un bon bordeaux qu’un (bon ou mauvais) vin casher…Assumant pleinement mes identités multiples…donc mes contradictions, je n’hésite pas à manger ma « Matzah », pain azyme que les juifs mangent durant les 8 jours de Pessah…avec du jambon, élément évidemment proscrit 😉

C’est toute l’ambigüité de l’identité mécréante juive à laquelle se heurtent les pensées cartésiennes non-juives et évidemment aberrante pour les pratiquants de toutes obédiences. Se conformer à un précepte (ne pas manger de pain ou d’élément à base de farine levée) est pour moi un moment de retour à mes racines identitaires, comme l’est le fait de ne pas manger à Kippour, le Grand Pardon juif) mais n’implique aucune dimension religieuse. J’admets et j’approuve le fait d’envisager mon judaïsme comme une mise en scène, telle un Séder de Pâques où nous observons un rituel fait d’un plateau composé des mêmes éléments de base, diversement interprétés (œuf, os, matza, harosset, herbes amères), du même récit depuis 3000 ans de la sortie d’Egypte avec notamment toute la dimension de la diaspora juive se rappelant sa servitude Egyptienne et son entrée en Israël après 40 ans dans le désert. Tout est fait pour inciter et inviter les enfants à s’interroger et à s’intéresser à cette célébration. Ainsi, nous avons tous été tour à tour « le plus jeune » qui questionne (Ma Nichtana), celui qui pique l’Afikomen (lien vers explication), celui qui lui répond, celui qui récite, celui qui distribue les rôles dans cette théâtralisation de notre judéité en exil. Ainsi, parmi mes incontournables figurent Dayenou au rythme entrainant (cliquez sur le lien), Halachma Anya (cliquez sur le lien), Ehad Mi Yodéah(cliquez sur le lien) et Had Gadya (cliquez sur le lien). Et pour diriger tout cela, je ne saurais me séparer de ma sacro-sainte Hagada rédigée par le grand-père d’un ancien premier Ministre français, le Rabbin Debré (lien) !

Ce voyage de Pâques 2013 a aussi été pour moi l’occasion d’assister enfin à un comité éditorial de la Revue Droit et Culture où je collabore notamment à la préparation d’un numéro exceptionnel sur l’Inde mais également du numéro que je vais diriger sur les Langues Autochtones dans la Cité, sorte de droit de suite à notre session du Congrès de Sociologie sur le même thème (cliquez sur le lien). J’en profite pour lancer un appel à contributions que vous retrouverez sur Sociolinguists on Facebook (cliquez sur le lien) mais que vous pouvez bien entendu me réclamer par e-mail à l’adresse daphneromy (at) gmail.com

Paris, ma ville natale, ma cité d’élection où j’ai vécu mes années formatives jusqu’à mon départ définitif de France en 1984 qui fait de moi une expat’ de longue date, continue à me stimuler intellectuellement comme nulle autre ville au monde. Interrogée récemment par des amis sur ma ville préférée, je dois à la vérité d’avoir admis que malgré l’attrait que beaucoup d’autres villes du monde, notamment Hong Kong, New York, Shanghai et Londres, exercent sur moi, celle où je me sens véritablement stimulée et présente dans tous les sens du terme, est Paris, ville multiple, ville historique, ville de beauté(s) et de culture(s), ville infernale et cosmopolite, bourrée comme moi de contradictions et de références symboliques.

C’est que dans aucune autre ville je n’éprouve à ce point l’embarras du choix des sorties culturelles ou de loisirs. Peut-être est-ce aussi lié à ma grande connaissance de celle-ci et à mes nombreux réseaux qui me permettent d’être toujours informée de ce qui s’y passe d’ailleurs. Ainsi ai-je pu assister à un délicieux moment cosmopolite, empreint d’humour et de diversité, à l’Institut du Monde Arabe. Ce compte-rendu, qui figurera également dans ma bibliographie sous K (lien), vous est soumis en guise de conclusion qui est en fait une ouverture et une invitation à commenter ce que je relate.

Kepel, Gilles (2013), ‘Passion Arabe‘, paper given at Une oeuvre, Un Destin, Institut du Monde Arabe, 27 mars 2013. voir aussi le lien sur Huff Post. 

Conférence inaugurale (ironie du calendrier le jour du Mercredi de la Passion!)  du cycle Une Oeuvre, Un Destin tous les mercredis à l’IMA.(PHOTO)

Cet arabisant .kepelplein d’humour et doté de la faculté à la fois de très bien comprendre et de se distancer de son objet de recherché, est rattaché notamment à l’Institut d’Etudes Politiques. Il retrace dans l’ouvrage éponyme son voyage effectué pendant ce que l’on a appelé “Les Printemps arabes car pour éviter de réfléchir, on utilise des comparaisons, ici avec le Printemps de Prague ou encore le Printemps des Peuple de 1848“. Allant de la Tunisie à Oman, au Yemen, au Qatar, en Palestine, au Liban etc….il s’est interrogé

que se joue-t-il dans le monde arabe?”

 Ce voyage intervient au moment précis où Mohamed Bouazizi s’immola par le feu et où l’IEP jugea opportun de fermer les chaires arabes “croyant que l’anglais et l’informatique suffisaient pour comprendre le monde”.

“En fait, les Révolutions arabes ne constituent ni un copié collé de révolutions occidentales, ni un habillage civilisé de barbus”.

Le fait est qu’on peut constater dans tous ces pays une émergence du sentiment de citoyenneté: “Ils ne pourront plus se comporter comme avant“.

Le fait fondamental est que les Arabes “ont découvert et se sont emparés de leur liberté d’expression“.

Il distingue trois étapes:

1) Un renversement des dictatures

2) Une captation islamiste des révolutions

3) L’étape actuelle où Les sociétés civiles qui se dressent contre les tentations liberticides pendant que les salafistes récupèrent les frustrations sociales qui n’ont fait que s’aggraver.

les Salafistes parlent de “la secte égarée des Frères Musulmans“.

On retrouve là encore la dimension cosmopolite de ce débat puisque on peut parler de véritable interpénétration, notamment avec la double nationalité de certains députés tant en Tunisie qu’en France, nombre de députés au parlement tunisien ayant la nationalité française et de députés français ayant la nationalité algérienne. On peut parler de contenus mixtes identitaires à la fois présentant des éléments communs et des éléments différents.

Autre fait inédit, la friction arabes-Israël s’est aujourd’hui déplacée sur une friction fondamentale entre Sunnites et Chiites.

Il existe malgré tout une crainte de régression dans le domaine des droits de l’homme et surtout de la femme.

Enfin, Keppel met en avant “ l’effet de loupe” opéré par Al-Jezeera (et par là du Qatar) dont le rôle a été plus qu’instrumental dans la mise en scène des “Frêres Mus'”

Le mot “laïcité” est le mot tabou et on lui préfère celui de société civile.

Je vous renvoie également à mes propres notes sur la Révolution de Jasmin (cliquez sur le lien) et vous laisse tirer vos conclusions pendant que je vous tire ma révérence de l’Ile d’Yeu, petit paradis auquel mes amis Anita et Michel ont eu l’amitié de me permettre de goûter, année après année, au point de me la rendre infiniment chère à mon cœur.

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