Découvrir un pays, une ville, une identité…remarquable…. c’est nécessairement l’aborder par ses préconceptions et constructions mentales hérissées et héritées de lectures, imagination, rêves et de cette culture qui est ce qui reste lorsqu’on a tout oublié….
D’ailleurs, à la réflexion il est fort probable que la raison de ma visite soit imputable à mon inconscient marqué par mes récentes lectures du superbe Rosa Candida d’Auður Ava Ólafsdóttir, ou des plus déprimants Temps Glaciaires de Fred Vargas ou La Cité des Jarres d’Arnaldur Indriðason….et de la magnifique Lettre à Helga que m’a fait découvrir sa traductrice Catherine Eyjólfsson…
Je vous en livre ici quelques extraits. Mopol C’est une magnifique lettre d’amour tant à la vie qu’à la culture islandaise!
Birgisson, Bergsveinn, La Lettre à Helga, trad. Catherine Eyjólfsson, Zulma ed, Paris (2013)
18: oui, voilà-t-il pas que resurgit en elle le complexe de l’héroïne de saga, cette maudite tare islandaise qui consiste à ne jamais pouvoir se débarrasser du passé ni à pardonner quoi que ce soit.
84-85: tu sais, ma Belle, que je ne suis pas le vieillard typique qui chante les louanges du passé et trouve à redire à tout ce qui appartient au présent. (…) bien sûr que l’apparition des bottes en caoutchouc a été un progrès. (…) Les vieilles ferme ont toutes disparu à présent, parce qu’elles rappelaient aux gens le froid, l’humidité et tout ce qu’on appelle cruellement le mode de vie des cul-terreux. Mais quelle est la culture de ce qui parlent ainsi ? C’est quand les gens te tournent le dos à leur histoire qu’il devienne tout petits.
87: les foyers d’aujourd’hui sont sacrément pauvre du point de vue de notre culture. Les objets qu’on y trouve viennent des quatre coins du monde, le plus souvent sans la moindre indication de leur lieu d’origine. Or quelle est la différence entre un objet fabriqué maison et un autre qui sort de l’usine ? Le premier à une ame et l’autre non.
104: Perdu dans la tempête de neige, j’ai mené mon cheval par la bride jusqu’au grand rocher avant d’abandonner la partie (…) Oublié un cadavre. J’ai pris de livraison d’un corps de femme fumé. (…) J’ai fantasmé pour combler les lacunes de mon existence, compris que l’être humain peut faire de grands rêves sur un petit oreiller.
Certes, mes vagabondages me conduisent fréquemment dans les îles (Sri Lanka, Cuba, Angleterre, Irlande, Ile d’Yeu, Île de Man, Grand Manan, Ile du Prince Édouard….)…il était logique que mes ailes me poussent vers ce joyau minéral qui fit trembler le monde aérien lors de l’éruption de son fameux volcan au nom imprononçable (l’Eyjafjallajökull)!
Certes, tous les sens sont en éveil dans un pays où l’air est si pur et la lumière si particulière…
Je ne m’attendais pas à ce que le premier sens à humer la différence fut l’odorat… Or dès la sortie de l’avion et à chaque fois qu’on fait couler de l’eau chaude, une odeur soufrée est perceptible…. Tout comme son panache est visible un peu partout sur l’île
Avec le sens de l’humour mentionné dans mon précédent billet, la vue évidemment….est très sollicitée

Quant au goût..Il est à la fête! Reykjavik est l’une des rares villes où je n’arrive pas à finir mes plats, or pour qui me connaît et sait mon immense gourmandise ceci pratiquement une mission impossible!
Et le meilleur : The Fish market!
Ne surtout pas hésiter à se procurer le merveilleux ouvrage suivant pour plusieurs raisons…. La deuxième est qu’elle contient des recettes ….
….et la première est que, comme Rosa Candida, ce livre se lit d’un trait sensible et savoureux! En voici un exemple:
Olafsdóttir, Auður Ava , L’Embellie, ed Zulma, Paris, 2012 (trad. Catherine Ejólfsson )
226:
– c’est grandiose de passer par ici, me confier un étranger à la réception, mais je n’aimerais pas y rester bloqué. Pour vous qui avez l’habitude, qui êtes littéralement nés et élevés sur le sable et dans l’obscurité, c’est différent. Ça changerait sûrement l’ambiance si le sable était doré au lieu d’être noir, et s’il faisait 10 degrés de plus, pour ce qui est de l’adaptation.
Et puis….autre sens essentiel, le vent arctique qui vient épauler le froid polaire disons que c’est une caresse glaciale au toucher…vivifiant !
qui vient nous rappeler la vraie différence avec d’autres villes au climat moins rude…et le tölt, ce pas propre aux chevaux islandais….
J’ai aussi été dans une piscine à l’air libre (mais à 30-42 degrés selon les bassins ou marmites!) plus fréquentée par les “locaux”!
Et l’ouïe frétille lorsque le vent se met à souffler en maître certains jours ou nuits comme cette nuit du 31 mars au 1er avril 2016 où je me suis sentie si douillette à l’écouter hurler au fonds de mon lit….où aussi chaque fois que j’entends l’islandais si musical, ces noms aux consonances si exotiques
Avec ces lettres þ (th- dur anglais de thief) et ð (th- doux anglais de thou)….ce doublement du l qui devient ‘tl’….je suis sûre que certains sens s’exacerbent dans ce petit bout du monde où le cousinage est de rigueur au point qu’il faille vérifier qu’on n’est pas génétiquement trop proche de l’être avec lequel on souhaite (et oui, il en reste!) faire biologiquement des enfants…

2 thoughts on “Une certaine sensualité islandaise…”